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Réclamer la terre

Du 15/04/2022 au 04/09/2022

 

Réclamer la terre 1 est une prise de conscience autant qu’un cri de ralliement. Cette exposition collective s’appuie sur un constat de sa conseillère scientifique, Ariel Salleh : «Rassembler écologie, féminisme, socialisme et politiques autochtones signifie renoncer à la vision eurocentrique pour adopter un regard véritablement global2.». Désirant penser le monde au-delà de la division entre nature et culture, l’exposition suit la trace d’artistes qui travaillent autrement les éléments (terre, eau, feu, air, végétaux, minéraux…), irréductibles à leur simple matérialité. Ils sont à la fois médium et outil, des vecteurs culturels, historiques et politiques revitalisés dans un contexte d’urgence écologique.

Quatorze artistes, de différentes générations et origines culturelles, examinent ainsi les liens entre le corps et la terre, notre relation primordiale au sol et à tout ce qu’il nourrit, la disparition de certaines espèces, la transmission de récits et savoirs autochtones, le glanage et la collecte, ou encore la justice sociale et la guérison collective. Ces artistes nous montrent que nous ne sommes pas «face au paysage», ni «sur terre» mais qu’au contraire nous faisons corps avec elle, créant cette «communauté du sol» dont parlait Rachel Carson, à l’origine du mouvement écologiste3. Nous devons remplacer les rapports de domination et de subordination, par ceux de parenté et d’alliances, car « la Terre n’est ni une réserve naturelle, ni une ressource agricole, c’est un écheveau de relations entre les minéraux, les plantes, les animaux et les humains »4. Il est temps d’abandonner le modèle obsolète d’une société extractiviste et de remettre les humains à leur place ; non plus des individus séparés de leur environnement, mais des « entités relationnelles »5.

 

« Il y a plus d’idées sur terre qu’on ne l’imagine ; des idées à même la terre, à même les choses, à même les formes du vivant. »

Marielle Macé, Nos cabanes, Verdier, 2019

Les artistes de « Réclamer la terre » nous aident à penser et à ressentir une nature chargée, intensifiée et active. Iels fouillent la terre au sens propre comme figuré, transformant des racines souterraines en racines aériennes, (re)mettant en avant des récits oubliés, réduits au silence, ou même à inventer. Léuli Eshrāghi, conseiller·e scientifique de l’exposition, montre ainsi le besoin de réparation, soin et guérison des cultures autochtones discréditées par le colonialisme. S’éloignant d’une vision eurocentrique, les artistes développent de nouvelles connexions avec l’environnement. Leurs actions forment un assemblage de pratiques et d’échelles de relations : à la terre, aux ancêtres, à la vie humaine et non humaine, ainsi qu’à la culture visuelle. Il s’agit d’évoquer notamment les rapports autochtones au territoire, des cultures engagées, mais aussi des recherches sociales, culturelles ou spirituelles, témoignant de la résurgence décoloniale de savoirs : savoir-penser, savoir-faire mais surtout savoir-être au monde.

Notes de bas de page

(1) Titre inspiré par le premier recueil de textes écoféministes : Reclaim the Earth: Women Speak Out for Life on Earth, édité par Leonie Caldecott et Stephanie
Leland (The Women’s Press, Londres, 1983)
(2) Ariel Salleh, Ecofeminism as Politics: nature, Marx and the postmodern (Zed Books, Londres, 1997/2017), p. 153.
(3) Rachel Carson, Printemps silencieux (Wildproject, Marseille, 2020), p.98 (publication originale Silent Spring, 1962).
(4) Barbara Glowczewski, Réveiller les esprits de la terre (Dehors, Bellevaux, 2021), p. 266.
(5) Arturo Escobar, Sentir-penser avec la terre. Une écologie au-delà de l’Occident (Seuil, Paris, 2018), p. 136

DU 15/04/2022 AU 04/09/2022

AVEC LE SOUTIEN DE

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