Voir plus bas

Laura Henno

GE OURYAO ! POURQUOI T’AS PEUR !
Du 15/04/2022 au 04/09/2022

Lauréate du prix SAM pour l’art contemporain 2019

Pour son exposition personnelle au Palais de Tokyo, Laura Henno présente un ensemble de films et de photographies réalisés depuis 2013 dans l’archipel des Comores, notamment à Mayotte et à Anjouan. Sa nouvelle installation vidéo clôt un corpus d’œuvres qui sonde un territoire contrasté, fissuré par les politiques migratoires et par un héritage colonial omniprésent.

Laura Henno s’intéresse aux marges et aux espaces de résistance qui s’organisent en réaction à des situations de domination et d’exclusion. Les différentes communautés qu’elle suit pendant plusieurs années ont en commun une manière autre de vivre-au monde1, trouvant refuge le plus souvent dans des environnements naturels. Dans la région de l’océan Indien où se situe l’archipel des Comores, le marronnage traverse les sociétés au fil du temps et des migrations. Depuis ses premiers voyages aux Comores, Laura Henno sonde la complexité qui sous-tend les identités de ces territoires insulaires. Au fil des rencontres s’est créé un lien durable avec Patron, enfant de l’eau, dont l’apprentissage pour devenir passeur à bords de kwassa-kwassa, ces embarcations de fortune qui rallient Anjouan à Mayotte, est dévoilé dans le film KOROPA (2016). En suivant la trajectoire de Patron jusqu’à l’île française, Laura Henno s’imprègne des forces invisibles qui fondent les croyances comoriennes. En découle le film DJO (2018), porté par Smogi qui vit une relation particulière avec ses chiens mais aussi avec la puissance des éléments, la nature et les esprits malins qui la peuplent.

 

Le nouveau film de Laura Henno, Ge Ouryao ! Pourquoi t’as peur !, lie les existences de Patron et de Smogi aux Boucheman, une bande d’adolescents en situation de clandestinité qui font corps avec leur meute de chiens. Sur une plage, à la lisière de la ville, ils réinventent au jour le jour les conditions de leur survie, pris dans les interstices de l’attente et de l’errance. Dans l’Instance du devenir, un texte de Patrick Chamoiseau consacré au travail de l’artiste et écrit à l’occasion de l’exposition, l’auteur observe : « Les contreforces de la vie sont dans ces adolescences qui se retrouvent broyées entre des frottements de mondes et de non-mondes. Celles que l’artiste approche sont en mouvement. Rien ne les attache vraiment à un territoire. Elles n’en ont pas. Elles cheminent dans les failles, les brisures, les passages dérobés ; elles suivent des lignes de crête et des lisières ; elles habitent des mangroves génésiques, de l’écume et du sable, et y retrouvent l’errance des premiers temps de l’humanité.2 »

 

Notes de bas de page

(1) « L’instance du devenir », par Patrick Chamoiseau, PALAIS, n°33, 2022. Numéro publié dans le cadre de la saison « Réclamer la terre »
(2) Ibid.

Du 15/04/2022 au 04/09/2022

Commissaire Adélaïde Blanc

AVEC LE SOUTIEN

PARTENAIRES MÉDIAS