crédit photo : Antoine Aphesbero

La Friche

Un espace-temps réservé au cœur des expositions

À travers le projet de permaculture institutionnelle développé depuis 2022, réside la notion de « zonage », qui propose un usage raisonné de l’espace et du temps de l’institution. Ainsi, à partir de juin 2023, un espace au Palais de Tokyo est transformé en « friche » c’est-à-dire un lieu collectif de travail, de réflexion, de production, de rencontres et d’accalmie pour des artistes, des collectif·ves, des chercheur·euses, des revues. Ce lieu leur met à disposition des espaces, un environnement intellectuel et des conditions de travail. La Friche répond à une double nécessité, pour les artistes et pour l’établissement. Dans une logique d’écosystème, elle nourrit organiquement et « naturellement » l’institution, anime ses réflexions et ses projets et participe à son dynamisme au quotidien.

La troisième édition de la Friche : cultiver les communs

La notion de communs numériques1 est au cœur de cette troisième édition de La Friche. Ressources partagées, gouvernées collectivement par une communauté qui en prend soin, ces communs ne sont pas seulement des possibilités accessibles en ligne, mais aussi des espaces de collaboration où chacun·e peut semer et récolter des idées et des savoirs. Dans un monde aux ressources limitées, qu’elles soient naturelles ou numériques, les communs sont fertiles : ils se renouvellent et se régénèrent, en nourrissant à la fois ceux qui les cultivent et ceux qui en bénéficient.

Du 7 octobre au 20 décembre, 5 artistes entrelacent leurs pratiques artistiques pour semer des réflexions numériques, critiques et engagées. Iyo Bisseck créé un court-métrage hybride explorant les territoires et espaces de résistances dans une logique décoloniale, tandis que Lou Fauroux revisite la culture pop et les structures de pouvoirs en réalité virtuelle. Gala Hernández López décortique les techno-utopies et l’inconscient collectif, Marion Laser questionne les IA d’assistance dans une approche punk et Do It Yourself2, et GAO Wenqian simule une ferme numérique régie par l’IA pour repenser la gouvernance écologique.

Prenez part à la réflexion collective et rencontrez les artistes :

  • Le week-end des 7 et 8 décembre : lors de l’ouverture des portes de la Friche à tous·tes les visiteur·euses du Palais de Tokyo.
  • Du 7 décembre au 5 janvier : lors de projections d’œuvres vidéo des artistes dans la salle 37.

À partir de novembre 2024, l’expérience se prolonge sur le site palaisdetokyo.com. Une nouvelle page, La N-ième Galerie, développée par le collectif Cirlar offre aux artistes et leurs invité·es un terrain d’expression et de partage de ressources. Les archives numériques de La Friche #3, mises en ligne sur cette page, pourront être imprimées partout ou pendant les journées de portes ouvertes, permettant ainsi de cultiver et partager le savoir commun de manière durable.

Note

1Pour plus d’informations sur cette notion : voir l’article “Les (biens) communs, le numérique & la culture”, Guillaume Rouan.

2Mouvement qui encourage la création, la fabrication et la réparation d’objets par soi-même, favorisant l’expérimentation, l’autonomie et l’appropriation personnelle des technologies.

Gao Wenqian est accueilli dans le cadre du programme de résidence Institut français x Cité internationale des arts, au sein de la résidence croisée entre le Palais de Tokyo et la Cloud House / Jonathan KS CHOI Foundation (Pékin).

Gala Hernández López est accueillie dans le cadre des perspectives du 67e Salon de Montrouge 2023.

La deuxième édition de la Friche

Du 12 mars au 12 juin 2024, la Friche du Palais de Tokyo invite cinq artistes et collectifs à vivre et travailler dans les espaces. En lien direct avec la saison d’exposition du printemps 2024 et notamment le projet « Dislocations », en partenariat avec l’association Portes Ouvertes sur l’art, la Friche accueille les artistes Nge Lay et Aung Ko qui ont quitté le Myanmar après le coup d’état de 2021. En préparation de l’exposition collective portée par Emilie Villez et Neringa Bumblienė, qui aura lieu dans le cadre de la saison culturelle de la Lituanie en France à l’automne 2024, la Friche invite également Agnė Jokšė et Anastasia Sosunova pour une résidence de production qui donnera naissance à des œuvres pensées in situ pour l’exposition. Enfin, le collectif Mouhawalat est invité à poursuivre le projet « Morshed » qui vise à collecter des outils de transmissions intergénérationnelles à destination des jeunes artistes.

 

 

Pensée comme un lieu d’accueil, la Friche croise les invitations pour donner du temps et de l’espace aux créateur·ices, en prise direct avec l’institution, sa programmation et ses préoccupations.

La première édition de La Friche

La définition initiale de la Friche est volontairement minimale, ce qui lui permet de prendre des formats très variés en fonction des projets, des opportunités, des inspirations et des besoins identifiés par l’institution. Elle est un espace-temps réservé au cœur des espaces d’expositions qui renoue avec les fonctions multiples de l’art et déborde des usages et missions traditionnelles d’une institution. C’est un espace où les artistes sont libres de travailler, d’aller et venir, d’inviter d’autres professionnel·les, et qui sera ouvert au public de manière ponctuelle pour des événements spéciaux afin de préserver le temps de travail individuel ou en commun.

La spécificité de cette première Friche est d’être particulièrement éditorialisée autour du projet d’exposition Hors de la nuit des normes (hors de l’énorme ennui) qui aura lieu dans le même espace et en sera le prolongement. Cette exposition, dont le commissariat est assuré par Valentina D’Avenia et Clément Raveu, aura lieu du 19 octobre 2023 au 7 janvier 2024.

Pour qu’il y ait de la vie, il faut que les choses se contaminent, se transforment au contact les unes des autres. Dans cette perspective, la Friche devient le terrain d’expérimentations privilégiées de pratiques variées mais complémentaires qui s’enrichissent mutuellement. De la même manière, elle inspire et alimente les réflexions de l’institution dans une logique d’attention et de considération des vulnérabilités propres à chacunexs. Cette mise en mouvement collective débute par de simples questions : comment prendre soin de nos corps et de nos réseaux d’affection ? Comment ne pas travailler uniquement sur l’amour mais également avec ? Comment traduire les désirs et les romantismes hors-des-normes ? Quelles généalogies écrire aux prismes des regards situéexs ?

Résolument dissonant, ce second volet réunira des artistes d’hier et celleux de la Friche, des archives et des œuvres et des rencontres réjouissantes, dans un esprit irrévérencieux et spirituel, engagé et solidaire. Des amours contingentes à l’amitié-romantique, de la culture trans-pédé-gouines et queer aux approches transnationales, des méthodes introduites par les ancestralités LGBTQIA+ à l’adelphité contemporaine, ces éclairages sensibles et subvertifs sur la normativité des relations amènent à réconsidérer les histoires qui nous ont échappées et ainsi agir sur le présent.