Après sa présentation à la 17e Biennale d’architecture de Venise en 2021, A Roof for Silence, Pavillon libanais imaginé par l’architecte Hala Wardé et l’artiste et poétesse Etel Adnan s’enracine au Palais de Tokyo, en résonance avec la saison Réclamer la terre. Conçu en 2019 comme une invitation au silence, il figure, après l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, un refuge, un toit pour celles et ceux qui ont perdu le leur.
L’œuvre architecturale est née à partir de seize oliviers millénaires du Liban dont les larges troncs ménagent de vastes grottes abritant la vie de différentes espèces. Cet ensemble vivant, tel un temple hors du temps est aussi depuis toujours un lieu de rassemblement. A Roof for Silence abrite le poème-peinture d’Etel Adnan, Olivéa : Hommage à la déesse de l’olivier, cycle de seize peintures d’un format rond et inédit pour elle, le tondo, dont chacune est comme une strophe qui rythme l’architecture circulaire du pavillon protégé par un toit semi-sphérique et baigné de lumière. Ce microcosme figure la condensation de l’expérience d’un espace-temps nomade, déraciné par l’expérience sans fin de la guerre au Liban et des dissonances du monde. Il répond à la pensée architecturale d’Hala Wardé qui explore le potentiel plastique et spatial du vide plutôt que du plein et qui imagine des espaces sensibles de rencontre et de dialogue.
Inspiré par l’œuvre de Paul Virilio, penseur de la vitesse, qui évoquait aussi le vide comme profondeur du temps, « A Roof for Silence » dit la nécessité du vide, et la vie qui peut l’habiter comme un silence.
Enveloppé des ombres d’où émergent la présence envoutante des oliviers millénaires filmés de nuit par Alain Fleischer, ce petit temple voué au silence dans les tumultes du monde, laisse résonner la polyphonie chromatique et poétique d’Etel Adnan, sa quête d’harmonie rendue perceptible par ce « silence qui fait partie de l’esthétique des choses ».
En écho à cette installation, le pavillon libanais se déploie dans l’abbaye de Jumièges en Normandie, du 15 juin au 6 novembre 2022, à travers une installation « révélationnaire » et fragmentée dans les ruines de l’édifice.
Commissaire : Hala Wardé
En collaboration avec : Etel Adnan
Avec le concours de : Alain Fleischer et Soundwalk Collective