Saison Divers

Édito par Guillaume Désanges

La diversité est au cœur de cette saison d’automne du Palais de Tokyo. La diversité des formes artistiques (de la performance au film, à la peinture, au dessin, aux installations ou encore au graffiti) tout autant que celle des identités : identités que l’on s’invente, que l’on doit parfois construire avec ou contre d’autres. Il importe de plus en plus aux artistes d’énoncer le lieu d’où ils et elles parlent, de situer leur récit, et d’où part la construction de leur identité. Lili Reynaud-Dewar se penche notamment sur l’identité de l’artiste et dresse, à partir d’entretiens avec d’autres, un portrait sociétal sans tabou qui évoque des vies possibles et vivables aujourd’hui. 

Gruppo Petrolio, épisode 2, Lili Reynaud-Dewar

Dans le travail de Ashley Hans Scheirl et Jakob Lena Knebl c’est la notion de transformation et plasticité de l’identité qui est mise en avant.

Jakob Lena Knebl & Ashley Hans Scheirl. Courtesy des artistes. Crédit photo : Georg Petermichl

Rakajoo, quant à lui, retrace les changements que peut subir l’identité en conséquence d’un contexte excluant ou mouvant, contexte que de nombreux artistes présenté·es dans « La morsure des termites » tentent de se réapproprier, en y imprimant leur marque. 

C’est la fluidité de genre qui est plus précisément au cœur d’ « Hors de la nuit des normes (hors de l’énorme ennui) », une exposition collective pensée et produite « in situ » par des artistes de la « Friche », qui ont passé plusieurs mois à travailler dans l’institution, tandis que la tente nomade de Dalila Dalléas Bouzar, aux motifs inspirés de peintures rupestres montrant l’humanité en symbiose avec son environnement, tisse des liens entre des identités et des récits disparates, mettant en valeur ce qui nous relie à l’autre et au monde comme une utopie à poursuivre. 

Dalila Dalléas Bouzar, "Adama", 2019. Courtesy de l’artiste et de la galerie Cécile Fakhoury. Crédit photo : Issam Zejly

Le Palais de Tokyo sait faire preuve, lui aussi, d’une certaine plasticité. Pour preuve la transformation, qui s’opère depuis plusieurs mois dans ce que nous appelons désormais « la Zone », l’espace par lequel vous avez accédé au bâtiment. Inspiré par la permaculture, qui propose un usage raisonné et diversifié d’un territoire, nous avons élargi l’espace gratuit et accessible à toutes et à tous pour en faire un nouveau lieu public de rencontre et de programmation.. Nous y avons installé des tables construites en réutilisant dans matériels d’expositions pour lire les publications mises à disposition, manger, travailler, rêvasser, discuter ou se retrouver. Nous y inaugurons aussi une nouvelle cafétéria, une « chambre des échos », pour réagir à l’actualité du Palais et en dehors, ainsi que le Hamo, nouvel espace dédié à l’inclusion, l’éducation et la médiation par l’art, qui portera une attention particulière à l’accueil de la diversité psychique, mentale et cognitive, qui est un des sujets importants aujourd’hui. 

L’accueil et le soin se retrouveront par ailleurs aussi dans une nouvelle édition du « Grand désenvoûtement », qui propose aux artistes d’exorciser joyeusement et subtilement les fantômes qui hantent cette institution aux identités et aux récits multiples. 

Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir et d’intérêt à déambuler dans les espaces et les expositions du Palais de Tokyo que nous avons eu à les penser et les réaliser avec les artistes.  

Bonne visite, en espérant que vous saurez vous y perdre ,  

… que cela vous donnera envie d’y revenir.