La construction du mythe du « sauvage » se développe à partir du XVe siècle, alors que les grandes puissances européennes conquièrent les autres continents (pour devenir des puissances encore plus grandes). Pour faire face à l’Inconnu que représente des modes de vie différents du leur, celui-ci est appréhendé dans une logique européenne offrant deux options : l’option « mauvais sauvage » et l’option « bon sauvage » (l’option les laisser tranquilles n’existe pas). Le « mauvais sauvage », être cruel, devient un symbole de dépravation servant à assoir la supériorité des civilisations européennes. Le « bon sauvage », naïf et proche de la nature, devient un symbole d’un paradis perdu permettant de critiquer les sociétés modernes. Pour l’anthropologue Sérgio Paulo Rouanet, les deux mythes participent au même projet. Ils nourrissent l’altérité : une vision de l’Autre qui est différent·e de moi. Un·e Autre qui est vu·e et déformé·e à travers mon regard.