Le concept d’Anthropocène désigne l’ère géologique dans laquelle nous serions entré·es en raison du bouleversement des limites planétaires et des écosystèmes entraînés par les activités humaines. Ce concept ne satisfait pas certain·es chercheurs·euses d’études décoloniales et féministes. Pour Malcom Ferdinand, il efface les histoires coloniales, les dommages causés par les essais nucléaires, le pillage minier, l’exploitation des sols et sous-sols dans un contexte de domination du Sud global. Les chercheuses Donna Haraway et Anna Tsing lui préfèrent ainsi les termes Capitalocène ou Plantationocène : la modification de notre environnement ne serait pas le fait de tous les humain·es mais des pratiques liées au capitalisme ou aux modèles de plantations « accumulant du capital sur le dos d’êtres humains réduits en esclavage ». Donna Haraway évoque également le Chthulucène, pour rendre compte de l’entrecroisement d’une multiplicité de temporalités, de forces à la fois humaines, non humaines mais aussi plus qu’humaines et inhumaines.