L’exposition de Jakob Lena Knebl et Ashley Hans Scheirl prend la forme d’installations diverses, îlots de lumière qui invitent le public à explorer des « espaces de désir », selon les mots des artistes. Ielles créent une ambiance immersive incluant moquette et miroirs à travers lesquels les visiteur·euses deviennent partie prenante de l’exposition. La scénographie puise dans les codes de l’art, du design, de la littérature et des phénomènes socioculturels tout en tendant vers l’humour et le grotesque. Les installations amalgament les valeurs, elles génèrent une série de tensions et d’affects qui confèrent aux plus reconnaissables de leurs sources d’inspiration une « inquiétante étrangeté » à la fois troublante et intrigante.
« Notre exposition se déroule dans un espace à l’architecture brutaliste, au sous-sol du Palais de Tokyo.
Son béton rugueux, ses recoins obscurs, les entrelacs inextricables et les contreventements de ses murs et de ses plafonds ainsi que ses nombreuses colonnes servent de toile de fond à la mise en scène de nos œuvres. Le souterrain, c’est en quelque sorte l’inconscient d’un bâtiment. Un espace liminaire, une hétérotopie qui rappelle celles des sous-cultures et contre-cultures. Nous transformons le sous-sol du bâtiment en un décor insolite à l’intention des spectres et du public du Palais. »
Les références – de Mary Shelley et Ada Lovelace à Barbapapa, de Hans Bellmer à Luigi Colani, d’Hector Guimard1 à l’esthétique cyber – s’enchevêtrent pour créer des œuvres et des êtres protéiformes, dont le transmorphisme repousse les limites du bon goût et des représentations de l’identité. Les artistes entrent en dialogue l’une avec l’autre en s’appuyant sur le préfixe « trans » : transmédium, transgenre, transmatérialité, transcontexte – un échange ludique entre la création contemporaine et l’histoire de l’art et du design, déconstruisant l’idée d’identité dans son ensemble : du maniérisme au surréalisme, du romantisme noir au biomorphisme et du modernisme au postmodernisme, en s’ouvrant sur un avenir d’existence cybernétique.
L’exposition s’inscrit dans le prolongement de la participation du duo à la 15e Biennale de Lyon (2019) sous le commissariat de l’équipe curatoriale du Palais de Tokyo. Leur projet portait un regard humoristique sur les identités et les utopies queers dans le contexte de la société de consommation. Les artistes ont représenté l’Autriche à la 59e Biennale de Venise (2022), avec une installation polymorphe invitant les visiteur·euses à pénétrer dans leur univers à la fois divertissant et sensuel. Ces deux projets s’inspiraient de l’esthétique des années 1970, une décennie marquée par la libération sexuelle et d’importants mouvements sociaux qui ont eu un effet croissant jusqu’à aujourd’hui.
1 Au XIXe siècle Mary Shelley est l’autrice de Frankenstein, tandis qu’Ada Lovelace est la première programmeuse et une pionnière de l’informatique ; Barbapapa est une série de livres pour enfants créée dans les années 1970 par Annette Tison et Talus Taylor ; Hans Bellmer est un artiste surréaliste majeur ; Luigi Colani est l’inventeur du bio-design ; Hervé Guimard est un architecte, figure de proue de l’Art nouveau.
Commissaire Daria de Beauvais
Cette exposition sera présentée aux Deichtorhallen Hamburg / Falckenberg Collection au printemps 2024.
Elle bénéficie du soutien de
La production des œuvres de Jakob Lena Knebl et Ashley Hans Scheirl bénéficie du soutien de
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