Quelle est l’influence des échanges monétaires, des flux de données numériques et des mouvements de marchandises sur la fabrique de nos émotions ? A l’heure de l’Internet des objets, de l’économie numérique et de la marchandisation des affects, quelle relation entretenons-nous avec les objets ? D’abord faudrait-il s’entendre sur ce que recouvre le mot objet. Au sens étymologique, l’objet est « ce qui est placé devant ». Il est donc ce qui est hors de nous. En cela, il s’oppose au sujet, qui désigne lui, ce qui nous est intérieur. Mais l’objet ne saurait se limiter aux choses concrètes, à ce qui est perceptible par la vue ou le toucher. Si l’objet peut être une chose matérielle, il peut aussi être une idée ou un souvenir. Il faut alors se demander ce qu’il y a de commun entre ces divers états de conscience qui mettent le sujet, ce qui est en nous, en relation à une réalité extérieure. « Dans ce monde où la vie éclate en toute chose » comme l’écrit Gérard de Nerval, comment accorder l’expérience de soi et l’expérience du monde ? Peut-on, alors que la production industrielle et la technologie essaient d’humaniser les artefacts, disjoindre les affects et les objets ? Ou encore, comment pouvons-nous ressentir, physiquement et mentalement, le mouvement interne dont les choses sont animées ? Composées d’interventions, d’installations et de performances, les expositions que le Palais de Tokyo présente du 3 février au 8 mai 2017, au sein de la saison « En toute chose » explorent les relations que nous entretenons ou que nous subissons dans notre rapport au réel. Ces expositions ont en commun de s’interroger sur le pouvoir parfois absurde que nous avons sur les objets qui nous entourent comme celui, magique, enchanté ou inquiétant, qu’ils exercent sur nous en retour. Ce flux qui nous échappe traverse l’ensemble des
oeuvres réunies au sein de cette nouvelle saison.