« Le chant d’Odono est un poème d’Édouard Glissant qu’il a écrit sur trois pages d’un manuscrit, dont les autres sont restées vierges. C’est dans l’obscur de sa parole, que nous assistons au commencement du poème d’un peuple invisible, qu’il a nommé Les Batoutos, et désigne tous les peuples partis des Afriques, qui ont couru l’Histoire et le monde jusqu’à aujourd’hui.
Les Batoutos sont un peuple à la mémoire “invue”, dont les histoires invisibles furent portées par la parole des conteurs pendant 4 siècles, un peuple qui “nous aide à entendre que la parole de la parole, est plus belle que la parole elle-même”, disait-il dans son roman Sartorius.
Le chant d’Odono ne dit-il pas ainsi l’obscur de notre palabre ? Il dit la genèse de tous ces gestes et de ces actions qui ont fini par rejoindre nos espérances. Ce nous, c’est d’abord ceux qui se sont rejoints aujourd’hui, venus de partout, ceux qui appartiennent assurément à ce peuple des Batoutos, qui s’est rendu visible, ici, au Palais de Tokyo, pour y rassembler nos mémoires. Je crois aujourd’hui que Jay Ramier et ses invités sont les premiers de ces Batoutos et je pense qu’Edouard Glissant a laissé ces pages blanches dans son manuscrit, pour que nous tous, nous y écrivions, nos histoires enfin réunies, et avec lui, les mémoires du Ve siècle. »