Manny Farber (1917-2008), critique de cinéma* états-unien, exécrait par-dessus tout les auteurices canonisé·es à l’esthétique chichiteuse et les films devant lesquels on se dit « Ah, ça c’est un beau film!». En défendant des cinéastes méprisé·es par la critique (Hawks, Fuller, Siegel), il a dessiné les contours de ce que pourrait être un « art termite », à l’opposé d’un « art éléphant blanc » à la lourdeur stylistique et morale, des films sans dureté – et donc sans intérêt – dont chaque centimètre de bobine affiche avec prétention le mot «ART».
*Manny Farber était aussi peintre. Il peignait des all over d’objets du quotidien vus du dessus. « Il s’agit dans les deux cas [le cinéma et la peinture] de redistribuer des angles d’attaque, de privilégier les détails de l’œuvre, d’en arpenter la surface, de la brancher sur le monde alentour, bref d’avancer horizontalement, dans toutes les directions possibles. » (« Manny Farber, un critique en permanent déséquilibre», Le Monde des Livres, 2004)