En 2014, JR met en scène un ballet qui raconte les émeutes et la vie de Ladj Ly, complice de la première heure. Les corps sous tension, les courses-poursuites et les cocktails Molotov deviennent alors classiques dans leur réinterprétation par Lil Buck, la danseuse Lauren Lovette et les 42 danseurs du New York City Ballet. JR prolonge l’expérience en réalisant ensuite un court métrage éponyme, filmé aux Bosquets, sur une musique originale de Hans Zimmer, Woodkid, Pharrell Williams et Ben Walfish.
Depuis décembre 2016, JR a photographié, avec l’aide de Ladj Ly, plus de 700 habitants, les travailleurs et les passants de Clichy-Montfermeil, en leur faisant rejouer des instants de leur vie quotidienne qu’il met en scène dans une immense fresque épique rythmée à la manière des peintures de Diego Rivera (1886-1957), artiste qui célébrait dans ses peintures murales engagées l’histoire du peuple mexicain. Des « mamans » aux « darons » de la cité en passant par les pompiers, les dealers, les travailleurs sociaux, les patrons de cafés, les participants aux émeutes, les danseurs, les grands frères tournés vers la religion, les maires de Clichy et de Montfermeil, les jeunes qui se préparent aux concours des grandes écoles et rêvent d’un avenir politique et ceux qui défendent leur territoire et refusent de la quitter : JR déploie les visages et les mémoires de ces habitants qui vivent la faillite de l’utopie de Clichy-Montfermeil, son chômage, ses drogues, ses révoltes sociales et ses mutations urbanistiques, du Projet de Rénovation Urbaine amorcé en 2012 jusqu’à la création du projet « Médicis Clichy Montfermeil. »
En 2017, la fresque inaugurée au Palais de Tokyo et un futur film documentaire co-réalisé avec Ladj Ly marquent les deux nouvelles étapes de ce projet au long court sur la mémoire de Clichy-Montfermeil.
« Je reviens régulièrement à Clichy-Montfermeil depuis plus de quinze ans, avec mon ami et réalisateur Ladj Ly. à chaque fois je pense connaître la cité par cœur mais tout se transforme, tout est toujours bouillonnant de vie. Mon travail est lié à l’architecture : l’architecture qui a le pouvoir d’unir comme d’enfermer. Cette fresque dresse une image de Clichy-Montfermeil composé des portraits des différentes générations qui ont vu l’utopie de ce quartier se délabrer, la misère et les tensions sociales s’exacerber au point d’avoir été, suite à la mort des adolescents Zyed et Bouna en 2005, le point d’embrasement des émeutes les plus importantes de l’Histoire de France. Un portrait de ceux qui s’efforcent de remettre de la poésie dans le ciment.» JR