Lab’Bel a été créé au printemps 2010 dans une démarche de soutien à la création contemporaine. Les activités de ce laboratoire d’idées et d’innovation au ton impertinent se partagent entre la constitution d’une collection et la réalisation d’expositions et d’événements artistiques en France et en Europe. Lab’Bel est également à l’initiative de publications et de multiples à l’instar desBoîtes Collector La Vache qui rit®.
Ils sont huit à avoir jusqu’à présent relevé le défi de transformer en édition artistique une boîte de 24 portions de fromage fondu. Lancé en 2014 le projet de la Boîte Collector invite chaque automne un artiste plasticien de renom à utiliser le support de la boîte pour créer une œuvre de format imposé ; avec pour objectif de la diffuser auprès du grand public, par le biais de la grande distribution, pour mieux bousculer certaines idées reçues sur l’art contemporain et susciter de nouvelles vocations de collectionneurs. En cette année de centenaire de La Vache qui rit®, Elle rit constitue l’occasion parfaite de rassembler les travaux de ces artistes au sein d’une même exposition et d’analyser, à travers l’éclairage d’autres de leurs réalisations, les dimensions conceptuelles de leurs différentes propositions.
Avant d’être sollicités au sein du projet, plusieurs des artistes impliqués entretenaient un lien fort avec La Vache qui rit® et l’avaient convoquée dans leur travail ; et certaines de ces œuvres plus anciennes prendront naturellement place au sein de l’exposition. D’autres ont redéployé leur réflexion de façon individuelle ou sous forme de commandes spécialement pensées pour l’événement, et qui seront également présentées dans ce contexte.
Mais plus que ce lien entretenu avec une marque et l’image d’une vache rouge et riante devenue iconique au fil du temps, c’est l’ambivalence de notre positionnement face à l’œuvre d’art qui est ici explorée. Elle rit ne se contente pas en effet d’interroger notre regard face au multiple ou à un objet d’art réalisé dans un processus de délégation industrielle mais pointe, de façon souvent ludique, comment des prismes tels que la présence ou non de signature d’un auteur, les dimensions des pièces, leur valeur marchande ou plus simplement un contexte de présentation particulier sont susceptibles de modifier notre jugement esthétique.
Laurent Fiévet, directeur de Lab’Bel
« Il y a toujours une certaine gêne à l’idée d’associer l’art à son circuit commercial, surtout quand on descend au royaume du produit alimentaire. Pourtant Andy Warhol nous a donné une bonne leçon en la matière. La série est au cœur de l’industrie, et c’est précisément sur cette notion que travaille le Laboratoire Artistique du Groupe Bel depuis dix ans. Et la rencontre de l’art avec l’industrie fait partie de l’image de marque dès l’origine, Benjamin Rabier est l’inventeur de son graphisme devenu iconique. En 2021, nous célébrons le centenaire du vénérable ruminant – et je ne peux m’empêcher de penser que les artistes allemands de notre série se réjouissent que la reine des prés ne soit pas une Walkyrie. (…)
L’exposition célèbre un anniversaire, mais elle s’ancre aussi bien dans le moment présent. En 2021, les voyages ne peuvent plus être autant pris à la légère qu’ils l’étaient avant la pandémie. D’autant plus quand on imagine les millions de caisses manipulées au long de chaînes de transports complexes par d’innombrables mains que nous ne voyions pas. Ce sont ces voyages qui marquent les Mailed Paintings de Karin Sander, une commande passée pour cette exposition. Des toiles blanches ont été envoyées aux sites de production de la VQR à travers le monde. Contrairement aux contraintes qui pesaient sur les humains, elles ont pu traverser les frontières pour arriver jusqu’au Palais. Au fond, toutes les œuvres viennent de loin. Et bouleversent les dimensions. »
Silvia Guerra, co-commissaire de l’exposition (extrait du texte curatorial)
Commissaires : Thomas Bayrle, Mel Bochner, Daniel Buren, Wim Delvoye, Hans-Peter Feldmann, Jonathan Monk, Karin Sander et Rosemarie Trockel
Artistes : Silvia Guerra et Laurent Fiévet