« Parfois, j’utilise des photos, parfois je me fais passer pour un DJ, alors que je n’en suis pas un. Parfois, j’aime faire du breakdance alors que je ne sais pas en faire. Mais cela fait partie de ma culture, ce sont les domaines que je connais et cela fait partie de ma personnalité, de mon identité artistique de montrer ces choses, de les montrer hors de leur contexte. »
Au Palais de Tokyo, Jay Ramier observe l’intersection des
diasporas noires à travers la musique envisagée comme « un vecteur privilégiée en terme de spiritualité, mais aussi de discours social, philosophique et politique. » En s’intéressant plus particulièrement au Funk – sulfureuse musique noire américaine apparue dans les années 1970 sur fond de tensions raciales – Jay Ramier s’intéresse au décor (les paillettes des costumes, la lumière des concerts, les typographies des logos…) et ce qu’il contient (le tragique et la politique qui imprègnent ces musicien.ne.s et les vies de celles et ceux qu’ils représentent). Une manière de retourner aux origines du
hip-hop avec lequel Jay Ramier s’est construit politiquement et artistiquement.
Transformant son espace d’exposition en salle de concert des années 1970, les murs seront sombres, parfois pailletés, et les lumières aveuglantes, comme pour transformer les oeuvres en étincelles. Le titre Keep the Fire Burning (Gadé Difé Limé) est un hommage à James Baldwin et aux paroles de Gwen McCrae. « The flame of love is about to die / We’re gonna fan the fire, come on along. » Pour relier Paris, le Bronx et les Caraïbes, Jay Ramier met son travail en relation avec ceux de Martine Barrat, Hervé Télémaque, Ariles de Tizi, Ydania Li Lopez, Edouard Glissant. L’artiste invite également Pascale Obolo et la revue AFRIKADAA pour perturber son exposition avec un acte éditorial performatif sur les révoltes silencieuses dans les Antilles.
Avec : Martine Barrat, Edouard Glissant, Ydania Li Lopez, Pascale Obolo, Hervé Télémaque, Ariles de Tizi
Commissaire d’exposition : Hugo Vitrani