L’ami Intérieur

Du 15/12/2022 au 08/01/2023

Avec Ismail Alaoui Fdili, Arash Fayez, Hamedine Kane, Sara Kontar, Rayane Mcirdi, Zoya Laktionova, Harilay Rabenjamina, Phung-Tien Phan, Anaïs-Tohé Commaret, Marina Xenofontos

« L’ami intérieur » est un programme de projections conçu par Stéphanie Cottin à l’invitation de l’association Portes Ouvertes sur l’Art dans le cadre des 1002e nuits de l’exposition Shéhérazade, la nuit.

    Génération funambule née autour des années 1990, avec la fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin, emportée par le flux de l’histoire contemporaine post-coloniale et celui des images télévisuelles et internet, les artistes dont nous présentons le travail cherchent à consolider les rives d’un monde plus accueillant, plus fluide, où la diversité est de mise.

    Ce qui les intéresse c’est comprendre comment la caméra, cet objet aujourd’hui omniprésent, voire pour certain.es existentiel, capture les paroles et les corps : est-elle cet objectif dominateur qui impose sa vision, ou un œil bienveillant qui écoute la langue et l’histoire de l’autre, en toute confiance ? Se déploie-t-elle dans une temporalité pressée ou dans celle, plus lente, des contes et récits de la vie quotidienne ?

    Ce que ces artistes veulent, c’est filmer celles et ceux que l’on n’entend jamais et laisser la sensibilité de la pellicule faire affleurer leur héroïsme ordinaire. Ils et elles nous invitent ainsi à décoloniser nos esprits et nos imaginaires, à prendre nos distances par rapport au temps médiatique et politique, aux représentations toutes faites, aux clichés et aux amalgames véhiculés par l’histoire coloniale. Ils et elles nous parlent de ces femmes et de ces hommes à la vie minuscule et majuscule à la fois.

    « L’ennemi intérieur » est un principe développé pendant la guerre froide, officiellement abandonné en France en 1962 au moment des accords d’Evian, réapparu de manière sous-jacente dans les débats politiques depuis les années 1980 et toujours présent aujourd’hui quand on aborde les questions d’exil et d’immigration.

    Par opposition, l’« ami intérieur » devrait être une notion invoquée et convoquée en permanence dans le débat politique actuel. Il serait ainsi cet être-compagnon, indispensable à la survie du corps social, le nourrissant, l’enrichissant de son flow, de ses différences, de son travail. Cet ami qui n’a, par la force des choses, pas toujours très bien su où poser ses valises, mais qui veut dire avec ses mots, qui viennent d’ici et d’ailleurs, avec fierté, la difficulté d’être un et plusieurs à la fois.

    Le jardin (2021) de Rayane Mcirdi

    Dans un parc, un déjeuner sur lherbe, au bord de leau et en famille. Les tantes et la mère de Rayane Mcirdi, nées dans les années 1960, racontent leurs souvenirs denfance, leur passage du bidonville de Sartrouville au quartier des Mourinoux, et leur attachement à la ville dans laquelle elles ont grandi.

    Durée: 22 minutes et 29 secondes

    © Rayane Mcirdi, Le jardin, 2021
    Crédits

    Amel Hammane, Jamila Hammane, Fatna Mahlia, Célia Mahli, Adel Marbouh, Naïm Marbouh, Farah Mcirdi, Nabil Mcirdi, Nouria Mcirdi, Rayane Mcirdi, Yanis Mcirdi, Yacine Zerguit, Najia Zerguit.

    Mixage son : Etienne Bonhomme
    Graphisme : Juliette Duhé
    Etalonnage : Maxence Lemonnier
    Remerciements :
    À lamour que ma offert ma mère, à tata Najia, tata Jamila et tata Fatna, pour leur bienveillance et leur générosité, à Farah Mcirdi de mavoir supporté tout au long de ce projet, à Horya Makhlouf mon éternel soleil, à mon ancien professeur Thomas Bauer pour ses précieux conseils.
    À toute l’équipe de l’école municipale des beaux-arts / galerie Édouard-Manet : Lionel Balouin, Blandine Béchet, Fatima Betka, Sory Diane, Zohra Halem, Nadjat Nini.

    Ce film a été produit au terme d’une résidence artistique à et par l’ école municipale des beaux-arts / galerie Édouard-Manet – Ville de Gennevilliers, à l’occasion de l’exposition « Le Croissant de feu », 29 septembre – 4 décembre 2021.
    L’école municipale des beaux-arts / galerie Édouard-Manet bénéficie du soutien de la Drac Île-de-France, ministère de la Culture, du conseil régional d’Île-de-France et du conseil général des Hauts-de-Seine.

    Three Rather Than Two (or One) (2019) d’Arash Fayez

    Three, Rather Than Two (or One) est un essai visuel basé sur un poème écrit par l’artiste et normalement interprété en direct lors de la projection de l’oeuvre. La video est composée de séquences filmées avec des téléphones portables mélangées à des interviews fictives où l’acteur/actrice est invité.e à choisir entre deux options, mais leur réponse est une troisième alternative.

    Durée: 8 minutes et 36 secondes

    © Arash Fayez, Three, Rather Than Two (or one), 2019
    Crédits

    Avec : Milagros Bedoya Valdivia, Céline Mathieu, Fran Glez Cardenas, Andrea Rodriguez Novoa, Pietro Massignan, Leah Martha Rosenberg et Isabel Valli.
    Narrateur : Céline Mathieu
    Assistante à la mise en scène : Marina Salvo
    Concepteur sonore : Fito Conesa
    Monteur : Arash Fayez
    Coproduit par : BAR project (Barcelone), La Virreina Centre de la Imatge (Barcelone)
    Avec le soutien de Hangar (Barcelone)

    Alpha Jungle (2016) d’Hamedine Kane

    À travers le portrait intimiste d’Alpha, un ami d’enfance de l’artiste, Alpha Jungle interroge les lieux de relégation, de détention, inhabitables que sont les camps de migrants européens, ici la Jungle de Calais. Des territoires où surgissent pourtant des tentatives de résistance, comme celui créé par Alpha dans son atelier-habitat, lieu où se construit une poétique de la relation qui défie la désolation des corps et la violence du politique.

    Durée: 17 minutes et 34 secondes

    © Hamedine Kane, Alpha Jungle, 2016
    Crédits

    Réalisation, photographie: Hamedine Kane
    Montage : Mathieu Delcourt
    Avec la participation d’Alpha et de Julie Kremer

    Va-et-vient (2022) de Sara Kontar

    Traité comme un roman photo en noir et blanc, ce court essai filmique traduit la situation inconfortable, cet entre-deux, que connaissent les exilés dans leur pays daccueil.

    Durée: 4 minutes et 15 secondes

    © Sara Kontar, Va-et-vient, 2022
    Crédits

    Réalisation, photographie, montage : Sara Kontar
    Mixage son : Rita Mahmoud

    Sunlight Vandalism (2018) de Marina Xenofontos

    Sunlight Vandalism présente deux récits entremêlés qui révèlent un portrait complexe de Chypre et de la migration en Méditerranée. On assiste à une conversation avec une mère kurde nommée Ayse, qui a demandé l’exil à Chypre en 2007. Parlant en chypriote turc avec Marina Xenofontos – qui répond en chypriote grec – Ayse montre des images de sa nouvelle maison à Ankara en Turquie, où elle s’est installée depuis. La deuxième partie du film suit Ayse sur son lieu de travail, elle est femme de ménage dans une école locale et dans son salon, où Marina l’interviewe devant un mur d’images représentant Abdullah Öcalan – personnalité politique de gauche aujourd’hui controversée. Sunlight Vandalism s’interroge sur le travail domestique, la précarité engendrée par les situations d’exil politique.

    Durée: 8 minutes et 39 secondes

    © Marina Xenofontos, Sunlight Vandalism, 2019
    Crédits

    Ayse
    Supporté par Critical Distance Centre for Curators for the exhibition « A Big Heritage With a Glorious Past », commissaire mama (Magdalyn Asimakis and Heather Rigg)

    Suno (2021) de Zoya Laktionova

    Une vidéo expérimentale sur les rêves des femmes roms vivant dans le ghetto de Kosice.

    Les Roms constituent l’un des plus grands groupes ethniques vivant en Slovaquie. Malgré cela, leur intégration dans toutes les sphères de la société est difficile. Et il convient de noter que cela ne s’applique pas seulement à la Slovaquie. Luník IX abrite la plus grande communauté de Roms de Slovaquie. Construit à l’origine pour 2 500 habitants, on estime que la population est aujourd’hui trois fois plus nombreuse. Le niveau de vie est bas, avec des services tels que le gaz, l’eau et l’électricité coupés, car la majorité des habitants ne paient pas de loyer ou de frais de services publics.

    Durée: 5 minutes et 49 secondes

    Crédits

    Réalisation, photographie, montage : Zoya Laktionova
    Conseil créatif : Jana Bucka

    Le nez de ma mère (2021) d’Harilay Rabenjamina

    Dans Le nez de ma mère, Harilay Rabenjamina s’éloigne de ce qui caractérise habituellement son travail et raconte une histoire personnelle. Il relate un événement qui la déstabilisé : sa soeur sest fait refaire le nez .

    Durée: 13 minutes et 54 secondes

    © Harilay Rabenjamina, Le nez de ma mère, 2021
    Crédits

    Coralie Ruiz et Anthony Stephinson, Goswell Road, Christophe Honoré, Philippe Bouthier, AAA Association des Alumni et Amis de l’ebabx, Yvonne Rabenjamina et Anja Rabenjamina.
    Le film fait partie de la collection du Capc Musée d’art contemporain de Bordeaux.

    Half Moon (2019) de Phung-Tien Phan

    Dans Half Moon, « Sicko Mode » de Travis  Scott est associé à des images du père vietnamien de l’artiste marchant dans un restaurant asiatique, la musique transformant sa marche nerveuse en une démarche de défilé de mode. Des rythmes électroniques envoûtants et désorientants accompagnent des prises de vue d’intérieurs, accentuant le côté un peu fantomatique de ces espaces. La musique qui hante la video n’est pas tant là pour faire peur que pour suggérer un état hypnagogique, éthéré..

    Durée: 11 minutes et 05 secondes

    © Phung-Tien Phan, Half Moon, 2019

    UIGV class with Abderrahim (2021) d’Ismail Alaoui Fdili

    UIGV class with Abderrahim est un cours vidéo interactif de théorie du gardiennage de voitures, donné par Mr. Abderrahim, le directeur pédagogique de l’UIGV Marrakech, et gardien partenaire emblématique de l’université Internationale de Gardiennage de Voitures.

    Durée: 5 minutes et 30 secondes

    © Ismail Alaoui Fdili, UIGV class with Abderrahim, 2021
    Crédits

    Réalisation, photographie, montage : Ismail Alaoui Fdili

    Amor sur Mama (2019) d’Anaïs-Tohé Commaret

    Un essai/poème cinématographique mêlant images darchives et de fiction autour de la représentation du passé, de lhistoire et de sa fictionalisation. Solange (ma mère) sest réfugiée en France après la dictature chilienne. Dans la maison de retraite où elle travaille, les histoires d’âmes vagabondes se confondent avec sa propre situation derrance en tant quexilée. Ce film pose la question de lidentification à un espace par le biais dune mythologie personnelle.

    Durée: 9 minutes et 37 secondes

    © Anaïs-Tohé Commaret, Amor sur Mama, 2019
    Crédits

    Réalisation : Anaïs-Tohé Commaret
    Chef opérateur: Nicolas Jardin
    Acteurs: Solange Commaret