C’est un date mélancolique en longueur bercé par des sons forts : audrey à genoux devant le soundsystem pour broder les dernières traces, quelques heures pour former un corps collectif et faire commuter les temps. Boum boum boum boum boum : Romain Poirier et Thibault Vil brodent un son indus et noise dans l’ombre de Kim Gordon. Est-ce qu’on va quitter ce tissu piqué depuis des semaines ? Comment se défaire de cette addiction ? Boum boum boum boum boum : on se dit au revoir comme ça.

Autour d’une broderie, des invité·x se greffent, attiré·x par la répétition du même geste. Plusieurs lais se déploient, portés, touchés, piqués ; les peaux se mêlent au tissu ; les dessins s’y côtoient : des copies, des traces, altérées. Coudre est consolatoire, mais l’acte est intrusif : l’aiguille, dans le corps du tissu, oblige à refaire, et toujours revenir aux débuts. La pièce est un travail de patience, entre vides et présences physiques qui impactent l’espace, de petites choses subsistent et racontent le temps qu’il faut pour guérir. je te sens encore est une vérification : le pouvoir addictif de la broderie, needle stick after needle stick, la couture comme une suture, l’activité cardiaque de ce geste, soutenue par un beat techno. Les trois ouvertures de la résidence sont une invitation à se rapprocher : se pencher sur ce corps bizarre, partager du temps, se brancher, mêler les signaux électriques d’un seul geste.

Lancé à l’automne 2017, La Manutention est un programme de résidence dédié aux artistes performeurs.

audrey liebot est invitée en résidence pour une période d’un mois. L’artiste donne rendez-vous au public une fois par semaine dans les espaces du Palais de Tokyo. Ces soirées performatives permettent de découvrir son univers et ceux de ses invités, tout en offrant la possibilité de suivre l’évolution de son travail.