L’exposition s’ouvre sur une question avec l’œuvre de Dominique Petitgand. Elle se répand dans l’entrée de façon diffuse et fragmentée, posée par des voix anonymes qui témoignent, manifestent et se révoltent. Dominique Petitgand a développé aux dimensions du Palais de Tokyo une installation présentée en 2019 au Grand Café de Saint-Nazaire pour l’exposition Contre-Vents, exposition sur les convergences des luttes en Bretagne, puis adaptée en création radiophonique pour Arte Radio.
Cette oeuvre marque une ouverture dans le travail de l’artiste : son matériau ne provient pas de voix qu’il a lui-même enregistrées mais d’extraits de films militants des années 1970 à nos jours. Si le matériau est différent, la méthode quant à elle reste la même : Dominique Petitgand désosse et assemble certains fragments pour former un « collage vocal, bruitiste, affectif et musical ». Il fait entendre des voix dont l’énergie et l’émotion priment sur la compréhension de leur discours, dont le contexte a été effacé.
En gommant les repères historiques, Dominique Petitgand donne à entendre une figure intemporelle de la lutte. Les voix qui nous parviennent avec cette œuvre pourraient être celles qui s’élèvent en ce moment en France. Ainsi, la question posée est sans doute celle de la présence de ces corps rendus invisibles. L’entrée de l’exposition, traversée par leurs slogans, leurs chants et leurs silences, se transforme à mesure qu’on l’écoute en un corps en lutte qui nous enveloppe.