Peintre-sculpteur-photographe, Pablo Tomek est d’abord peintre-peintre, chiffonnier du siècle capitalocène. En 2016, son exposition « Travaux Publics » envahissait les arches extérieures du Palais de Tokyo, une succession de peintures monumentales inspirées par les techniques des peintures ouvrières. L’artiste d’origine Polonaise conclut cette intervention avec un geste pictural performatif sur les vitres du Palais de Tokyo enchantier, rejouant jusqu’à saturation les mouvements ouvriers, entre abstraction et (dé)figuration.
Le premier atelier de Pablo Tomek est la rue. Le désordre du dehors était un terrain de jeux lorsqu’il piratait la ville à coups de peintures illégales. La comédie urbaine est désormais la matière précaire de l’artiste , dont le travail d’atelier est imprégné par ses nombreuses dérives où le hasard rencontre des « détails farfelus et des phases mystiques de la ville ». Fonctionnant ensuite par succession de couches, de ratures, de superpositions et d’effacement, comme autant de calques numériques, la peinture de Pablo Tomek convoque le langage corrosif du graffiti, l’héritage de la peinture expressionniste abstraite, tout en s’inspirant des techniques des peintures ouvrières (blanc d’Espagne, mortier étalé à la truelle pour condamner les architectures abandonnées, inscriptions chamaniques tracées en fluo sur le béton, destruction de la peinture au Kärcher…). Autant de langages inachevés que l’artiste manipule physiquement pour porter la peinture à l’état pire.