Grada Kilomba est une psychologue, écrivaine et artiste multidisciplinaire. Elle s’intéresse de manière critique aux questions de mémoire, de trauma, de sexe, de racisme et de post-colonialisme.

Quel est le poids de l’histoire et celui d’être classé·e comme « Autre » dans des sociétés où la blanchité est la norme? Comment devenir sujet après avoir été marginalisé·e ? Comment dire ce qui a été mis sous silence ? Telles sont les interrogations constantes d’une œuvre artistique dont la pensée est déployée dans ses écrits. Dans son livre Mémoires de la Plantation : Episodes d’un racisme ordinaire (2008, publication française 2021), elle convoque Frantz Fanon, Gayatri Spivak, Paul Mecheril, Audre Lorde, Bell Hooks et bien d’autres pour examiner les méthodes utilisées pour déshumaniser et opprimer les Noirs à travers l’histoire.

Dans A World of Illusions, sa trilogie cinématographique présentée pour la première fois en France, Grada Kilomba s’inspire de personnages de la mythologie grecque (Narcisse, Œdipe et Antigone) et puise dans l’histoire coloniale pour donner corps, voix et forme à sa propre écriture critique. Par ce dispositif subversif et poétique qui laisse les contes classiques parler des enjeux politiques actuels, elle nous invite à penser à de nouvelles configurations de pouvoir et de savoir.

Parallèlement à sa carrière universitaire, elle intègre la scène artistique en 2016, lors de la Biennale de São Paulo. Elle a réalisé des performances et exposé à l’échelle internationnale, notamment à documenta 14, Kassel & Athènes (2017) et à la Biennale de Berlin (2018). Des expositions personnelles lui ont été dédiées au Bildmuseet, Suède (2019) et à la Pinacothèque, São Paulo (2019).