Caroline Kent, née en 1975 à Stirling (États-Unis), est une artiste visuelle qui vit et travaille à Chicago. Ses peintures abstraites, composées de formes géométriques irrégulières, se distinguent souvent par un fond noir, mat et profond, dont se détachent des formes et motifs lumineux. Ce fond dense et obscur agit à plusieurs niveaux : il rompt avec les codes traditionnels d’expositions du white cube (cube blanc) tout en évoquant la place (et l’effacement) de la noirceur (« blackness ») au sein de l’histoire de l’abstraction. Les formes qui peuplent ses toiles naissent d’abord sur papier, grâce à la technique du découpage. Cette étape préparatoire leur confère une dimension intuitive, ludique et tactile que l’artiste transpose ensuite sur la toile. Là, elle juxtapose des formes pleines et opaques à d’autres finitions picturales, plus transparentes et irrégulières. Caroline Kent conçoit l’articulation de ces différents éléments comme une forme de syntaxe ou de grammaire propre, comparable à un langage abstrait et cryptique. Ses oeuvres dialoguent avec les multiples filiations de l’abstraction : depuis ses origines dans les courants spirituels et occultes du 19e siècle, où elle servait à transcrire des messages venus d’autres mondes, jusqu’aux aspirations utopiques du 20e siècle, où l’on espérait qu’elle constitue un mode de communication universel.