Amina Menia est née en 1976 à Alger (Algérie).
Au Palais de Tokyo, Amina Menia interroge le football comme échappatoire sociale et met au jour la manière dont le récit collectif qui s’invente à travers ce sport devient le substitut d’une réelle histoire démocratique. Voici ce qu’elle en dit : « Ce projet revient sur LE match de ma génération ! Une sorte de thérapie de groupe s’est révélée lors des célébrations de notre victoire sur l’Égypte en 2009. Je reviens dans ce film sur les moments clés où le foot a joué un rôle transformateur, salutaire ou libérateur : création de l’équipe de foot du FLN pendant la guerre de libération, Coupe d’Afrique 1990 après le printemps démocratique de 1988, la thérapie de groupe de 2009, et enfin, une légère allusion à 2019 et au soulèvement qui bouleverse l’Algérie aujourd’hui. »
Le 18 novembre 2009, l’équipe d’Algérie de football remporte une victoire contre celle d’Égypte et gagne ainsi sa place pour la Coupe du monde 2010. La liesse populaire est d’autant plus vive que les deux pays connaissent alors des tensions politiques. Amina Menia se souvient du caractère presque surréel des célébrations. Elles lui rappellent les images des fêtes qui suivirent l’indépendance de l’Algérie en 1962, un même élan patriotique qui transforme la rue en un espace citoyen. Ainsi, son installation vidéo Foot de Libération Nationale trace un parallèle entre les histoires politique et sportive à travers l’usage d’images d’archives, mais aussi de deux entretiens inédits. Le premier recueille la parole de Rachid Mekhloufi, l’une des stars de l’AS Saint-Étienne dans les années 1960 et véritable figure de « l’arbre généalogique » du football algérien. Dans le second, Slimane Zeghidour, écrivain, grand reporter et fin spécialiste des questions géopolitiques, pose un regard distancié sur le football comme symptôme majeur de notre époque. Il offre une lecture éclairée sur le poids de l’Histoire, notamment coloniale, dans le tissage heurté des relations entre les peuples algérien et français.