Dans le cadre de l’exposition « Ubuntu, un rêve lucide », le Palais de Tokyo donne carte blanche à Chris Cyrille-Isaac (poète, critique d’art et commissaire d’exposition) et Sarah Matia Pasqualetti (doctorante en Esthétique).
Repris par le philosophe Souleymane Bachir Diagne avec la signification de « faire humanité ensemble », le terme Ubuntu évoque l’idée d’interdépendance, d’une humanité qui tisse et fabrique des liens entre les êtres vivants, tout comme le projet Mangrovité de Chris Cyrille-Isaac et Sarah Matia Pasqualetti. Ils le poursuivent avec une session imaginée en lien avec l’exposition Ubuntu, un rêve lucide et dans l’idée de réfléchir à différents modes de la Relation.
À partir de (dé-partir et se départir de) Edouard Glissant. Nous aurions probablement tort de penser en système de filiation pour dire notre rapport à l’île glissantienne. Partir d’elle, ce n’est pas partir d’une origine ni d’un tout inchangé (et encore moins d’un père…) mais d’une trace qui, toujours, se rejoue pour nous-même, par nous-même, cela, pour s’éloigner des fantômes et vampires qui fantasment des filiations et font d’une pensée une propriété privée. C’est ce que nous faisons depuis l’exposition « — Mais le monde est une mangrovité » où nous tentions déjà de dégager nos propres images et concepts.
Le but de notre rencontre ? Éclater — en politique, poétique et esthétique —la totalité-roche qu’est le concept de Relation (si proche de cette idée d’Ubuntu) à partir des Pays Tremblés (Réunion, Mayotte, Guadeloupe, Martinique, Haïti). Dans cette rencontre, les relations réussiront, échoueront probablement, et seront conçues comme des expérimentations là où se rencontrent les bords du continent et les plages foutues des îles. Nous proposons des interventions et des lectures performées pour varier à l’infini autour de la Roche du Diamant et la quitter comme des oiseaux qui, fulgurants, tracent des à-venirs vers une mangrovité, et qui, à leur retour à la Roche, chanteront : « Nou ka vin apwé Glissant… »
The Library of Things We Forgot to Remember, présenté pour la première fois en France, est un projet de l’artiste Kudzanai Chiurai. L’ample collection d’archives principalement sonore exposée dans cette bibliothèque constitue la bande-son des luttes pour les droits civiques et des mouvements de libération dans le sud global. Cet espace d’hospitalité, considéré comme une zone libérée, accueille régulièrement des DJ-sets et une série de sessions qui croisent la parole, la poésie, la performance et la musique mettant l’accent sur des pratiques et des imaginaires en résistance.
Avec : Jean d’Amérique (poète et dramaturge), Dénètem Touam Bona (philosophe et dramaturge), Estelle Coppolani (autrice et chercheuse en littérature), Annabel Guérédrat (artiste, chorégraphe et performeuse) en collaboration avec Ralf Lavital (musicien) et Daniel Dantin (musicien), Louisa Marajo (artiste) et Shivay La Multiple (artiste).
Lazy Flow et GЯEG, tous deux DJs résidents du collectif LA CREOLE, clôtureront la session en musique, mêlant les albums vinyles présentés au sein de la Library of Things We Forgot to Remember avec leurs tracklistes personelles.