A partir de juin 2013, faisant suite à l’intervention sur le bâtiment de Christian Marclay, les sept fenêtres du Palais de Tokyo donnant sur l’avenue du Président Wilson sont confiées au magazine Toiletpaper.
Fondé en 2010 par Maurizio Cattelan et Pierpaolo Ferrari, Toiletpaper est un magazine constitué exclusivement de photographies résultant du processus digestif d’une surconsommation visuelle. Le magazine explore notre obsession contemporaine pour les images et adopte l’esthétique de la photographie commerciale, son iconographie pop attrayante manipule notre vision à la manière des clichés publicitaires sur papier glacé. à un détail près : les images Toiletpaper sont dépourvues de surmoi ; elles explorent de manière faussement anodine nos désirs et pulsions les plus indicibles. Chaque photographie est minutieusement construite au sein d’un environnement mental spécifique ; elle est évaluée, jugée, transformée jusqu’à atteindre ce je ne sais quoi qui en fait une image Toiletpaper, savant mélange de normalité dérangeante et de troublante ambiguïté. Depuis la création du magazine il y a trois ans, Maurizio Cattelan et Pierpaolo Ferrari ont constamment cherché à imposer le style Toiletpaper au-delà des pages du magazine, infiltrant d’autres domaines pour tester la force des images produites. Prenant pour modèle le monde digital où la force d’un contenu se mesure à sa capacité à être partagé, tweeté, bloggé et rebloggé, ils ont violenté les clichés, les privant de leur contexte originel, pour les apposer à des éléments aussi divers que des t-shirts, assiettes, pochettes de disques ou papier peint, s’immisçant dans le quotidien pour marquer durablement le subconscient populaire. En ce sens, Toiletpaper est par essence un projet démocratique qui n’a d’autre choix que de se confronter à la diffusion de masse pour vérifier la résistance des images au temps.
Le projet au Palais de Tokyo s’inscrit à part entière dans cette démarche de diffusion. Aucune photographie n’est montrée dans l’espace d’exposition, des images de divers numéros du magazine sont éclaboussées post-digestion sur les sept fenêtres de la façade monumentale du bâtiment. L’arrangement intriguant parasite l’espace public de l’avenue du Président Wilson autant qu’il infiltre de l’expérience du visiteur au restaurant.
Les images TOILETPAPER ont défrayé la chronique dans nombre de publications et revues d’art dans le monde. Elles ont fait l’objet de numéros spéciaux dans des magazines tels Vice et Hunger. TOILETPAPER a également occupé le panneau d’affichage monumental de la High Line à New York en mai 2012. La même année, des images sélectionnées des six premiers numéros ont été publiées par Damiani dans un ouvrage anthologique accompagnées de textes choisis. L’ouvrage a été classé dans le Top 10 des livres d’images par le New York Times.