Une psycho-géographie qui explore le lien entre architecture et politique en donnant une grande place à la mémoire, qu’elle soit issue de l’Apartheid ou d’autres contextes.
Composé d’un artiste, figure montante de la scène sud-africaine, et d’une curatrice, tous deux emblématiques d’un dynamisme fort, le duo Buys/Subotzky imagine une psychogéographie qui donne toute son ampleur au rôle de la mémoire. Mêlant films, sculptures et installations, l’exposition articule architecture et politique pour rendre manifeste leurs liens visibles et invisibles. En lien avec l’histoire coloniale africaine, l’esclavage et l’Apartheid, ce sont les rapports au pouvoir et à la représentation qui sont explorés.
Dans « This House », cinq artistes, sud-africains, burundais, norvégiens et américain, explorent différents aspects de l’architecture. Plusieurs commandes nouvelles, des oeuvres récentes et la désormais historique Conical Inter-Sect (Étant d’art pour locataire) réalisée par Gordon Matta-Clark en 1975, soulignent les méthodes d’organisation du temps et de l’espace qui déterminent aussi bien les architectures, que les institutions et les systèmes politiques. Le film Moses et Griffiths (2012) de Mikhael Subotzky, projeté sur quatre écrans, fournit le fil conducteur de l’exposition tandis que les deux protagonistes éponymes retracent l’histoire des deux monuments de Grahamstown dont ils sont les guides attitrés.
Dans toutes les oeuvres présentées, l’architecture se définit à la fois par des formes et par des idées. Les liens plastiques et poétiques entre ces deux aspects composent une sorte d’architecture interne et font douter de la possibilité de vivre dans un lieu et une époque sans être conditionné par une idéologie politique. L’oeuvre in situ de Serge-Alain Nitegeka traduit ce malaise à une échelle où le spectateur se retrouve confronté à un environnement attirant et impénétrable.
Aux oeuvres exposées s’ajoutent les « fantômes » invisibles de celles qui ne sont plus présentes actuellement au Palais de Tokyo. Ces fantômes, invoqués par des allusions subtiles, des réminiscences, des détours imaginaires, oniriques et ludiques, hantent l’installation-performance d’Alexandra Makhlouf, qui revisite l’historique des expositions au Palais de Tokyo.
La sensation d’une présence d’oeuvres invisibles en plus de celles qui sont exposées accentue la dominante psychogéographique de Moses et Griffiths et de La Lettre V dans diverses techniques, 1963-1998 (2012) d’André Tehrani. Elle relie la perception de l’espace aux phénomènes plus mystérieux de la perception du temps, en suggérant que l’effacement du passé par le présent tient à nos insuffisances physiologiques, en dehors de toute réalité métaphysique.
CURATEURS
Mikhael Subotzky (né en 1981 au Cap) allie l’immédiateté du reportage social à un questionnement sur la nature de l’art photographique en soi. Il a exposé dans des galeries et des musées du monde entier. Ses photographies sont entrées dans les collections du Museum of Modern Art à New York, du Victor and Albert Museum à Londres, de la South African National Gallery au Cap et de la Johannesburg Art Gallery.
Anthea Buys (née en 1984 à Johannesburg, basée au Cap et à New York) est une curatrice, chercheuse et critique d’art établie au Cap. Elle a organisé en octobre 2012, avec le soutien de l’Office for Contemporary Art Norway, l’exposition « Machine Worries, Machine Hearts » à l’espace Blank Projects du Cap, qui réunissait des artistes norvégiens et sud-africains autour d’une réflexion sur l’empathie entre l’homme et la machine.
AVEC
Alexandra Makhlouf, Gordon Matta-Clark, Serge-Alain Nitegeka, Magnhild Øen Nordahl, Mikhael Subotzky, André Tehrani
Cette exposition est organisée dans le cadre des Saisons Afrique du Sud-France 2012 & 2013 www.france-southafrica.com
Avec le soutien de BASA (Business Arts South Africa), de Goodman Gallery et de l’OCA – Office for Contemporary Art Norway