THE 4D PROJECT

Tout commence par une petite vidéo touristique qui présente les attraits de la ville d’Onomichi sous un format 3D. En fait, le sigle ne renvoie pas ici à une technologie avancée mais fait référence à trois adjectifs utilisés pour décrire la cité : délicieux, dramatique et délectable. Sous ce tour de passe-passe marketing s’invente alors un périple kitsch où une jeune fille vante le charme de ce port proche d’Hiroshima. Rien de sérieux certes, mais cet objet promotionnel devient un prétexte à revenir sur une notion qui, en pleine mutation industrielle, fit rêver : la quatrième dimension.

Il s’agit de réinvestir cette problématique qui anima les esprits scientifiques du XIXe siècle dans leur volonté de remettre en cause l’espace euclidien, avant d’être appropriée par les artistes de la modernité, de Gaston de Pawlowksi à Marcel Duchamp, en passant par Alfred Jarry et Edwin Abbott. Tel un ruban de Möbius, la quatrième dimension invite donc à replonger dans l’espace et le temps pour en dévoiler un siècle plus tard la réversibilité : le progrès historique est devenu obsolète quand la virtualité s’incarne plus que jamais.

Sur un mode à la fois aléatoire et allégorique, The 4D Onomichi Project propose donc une salle à chaque artiste afin d’envisager un monde à n dimensions. Chacun peut y exposer son univers, y présenter les courbes de sa pensée plastique, et jouer avec ce D supplémentaire, au sein de cette ville japonaise que le workshop de dix jours ne lui permettra pas vraiment de cartographier, mais plutôt de redessiner à travers sa propre constellation mentale. 

Exposition “The 4D Project” au Musée de la ville de Onomichi (Japon), du 22 novembre 2014 jusqu’au 12 janvier 2015