Tentaculaire, menaçante, la construction aux formes hybrides suspendue au-dessus du Palier d’Honneur convie le visiteur à un voyage chaotique et chimérique.
Peter Buggenhout crée des désastres monumentaux qui prennent la forme d’immenses objets de méditation. Il développe une pratique de la sculpture où la construction de formes hybrides renvoie à un univers puissant, donnant la sensation d’un pouvoir actif de l’objet. L’artiste utilise des matériaux communs, rebuts de la vie quotidienne, qu’il n’hésite pas à agencer afin de leur attribuer une toute autre dimension. À cet effet, il ajoute très souvent à ses sculptures un jus de sang animal mélangé à de la résine qu’il recouvre ensuite de poussière. De cet amalgame à la texture sombre et souillée, le visiteur ressent simultanément une certaine fragilité et une puissance évocatrice et perturbante.
Tentaculaire – à la fois séduisante et menaçante – l’impressionnante sculpture conçue pour le Palais de Tokyo se déploie tant dans la verticalité que dans l’horizontalité de l’espace, répondant aux quatre points cardinaux. Entre Sibylle et Cerbère, cette structure invasive en suspension au-dessus du Palier d’Honneur convie le visiteur à un voyage chaotique et chimérique. Avec cette œuvre intitulée The Blind Leading the Blind [« Si un aveugle guide un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou. » (Mathieu, XV, 14)], Peter Buggenhout met en évidence ici une mutation infinie des formes engendrée par notre monde contemporain.