« Les ouvriers étalent du blanc d’Espagne dilué à l’eau sur les vitres, pour se cacher des regards indiscrets. Cette pratique est caractérisée par des mouvements énergiques du bras et par l’empreinte des éponges utilisées. On rencontre ces peintures anonymes dans la ville: certaines sont opaques, d’autres moins, certains mouvements sont vifs et agressifs tandis que d’autres exécutés plus lentement produisent des formes douces et presque reposantes.»
Le premier atelier de Pablo Tomek est la rue. Le désordre du dehors était un terrain de jeux lorsqu’il piratait la ville à coups de peintures illégales. La comédie urbaine est désormais la matière précaire de l’artiste , dont le travail d’atelier est imprégné par ses nombreuses dérives où le hasard rencontre des « détails farfelus et des phases mystiques de la ville ». Fonctionnant ensuite par succession de couches, de ratures, de superpositions et d’effacement, comme autant de calques numériques, la peinture de Pablo Tomek convoque le langage corrosif du graffiti, l’héritage de la peinture expressionniste abstraite, tout en s’inspirant des techniques des peintures ouvrières (blanc d’Espagne, mortier étalé à la truelle pour condamner les architectures abandonnées, inscriptions chamaniques tracées en fluo sur le béton, destruction de la peinture au Kärcher…). Autant de langages inachevés que l’artiste manipule physiquement pour porter la peinture à l’état pire.