Dans le cadre de la carte blanche confiée à Naomi Beckwith, le Palais de Tokyo présente une exposition rétrospective du sculpteur Melvin Edwards, figure importante de l’histoire contemporaine de l’art américain.
Les sculptures abstraites de Melvin Edwards sont des portails qui lient le passé et le présent de l’Atlantique noir. Né à Houston en 1937, Melvin Edwards vit et travaille aujourd’hui entre Baltimore et New York aux États-Unis, ainsi que Dakar au Sénégal. Son exposition rétrospective au Palais de Tokyo couvre soixante années de création, façonnée par de nombreux voyages, amitiés, engagements et collaborations principalement entre les États-Unis, les Caraïbes, et l’Afrique de l’Ouest.
Depuis les années 1960, Melvin Edwards développe un vocabulaire plastique unique enraciné dans le travail du métal et de la soudure, la récupération de matériaux industriels et d’outils, l’usage de chaînes et du fil de fer barbelé. Dans le contexte de la ségrégation raciale et du Mouvement des droits civiques qui marquent les débuts de sa pratique, l’usage de ces matériaux interroge à la fois une histoire de la violence post-esclavagiste américaine et une histoire culturelle de résistance noire. Ses sculptures sont très souvent des hommages et des monuments intimes, et reflètent sa curiosité pour le langage, l’architecture et la production des savoirs. Pour reprendre ses mots : « La façon dont j’utilise l’art comme la vie pour dépasser les confins de tout un ensemble de classifications est une entreprise critique à ce point de l’histoire, car tous les systèmes se sont révélés inadéquats ».
Imprégné de poésie et de musique jazz, l’œuvre de Melvin Edwards témoigne de ses relations avec des poètes comme Jayne Cortez (1934-2012) avec laquelle il a longuement collaboré pour l’illustration de ses ouvrages, mais également de son amitié avec des écrivains francophones comme Léon-Gontran Damas (1912-1978), rencontré en 1969 à New York ou Édouard Glissant (1928-2011), rencontré à Paris au début des années 1980.
Artiste : Melvin Edwards
Directrice artistique : Naomi Beckwith
Curateur·ices : Amandine Nana et François Piron, assisté·es de Vincent Neveux
Cette exposition est organisée en collaboration avec le musée Fridericianum de Kassel (Allemagne) et la Kunsthalle Bern (Suisse).
