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Martí Anson, catalan pavilion. Anonymous architect

Du 20/06/2013 au 07/09/2013

Sous prétexte d’une reproduction à l’échelle 1 d’un édifice, imaginé par le père de l’artiste dans les années 1970, une remise en question des systèmes de production de notre société.

Explorant avec attention les liens entre art contemporain et culture populaire, Marie Griffay fait de l’exposition un édifice à l’échelle 1 en constante évolution. Fruit du travail de l’artiste Martí Anson, ce « Pavillon catalan » construit au coeur du Palais de Tokyo reprend le projet du père de l’artiste qui, dans les années 1970, décide de construire de ses propres mains une maison de villégiature : ce geste fort pour l’autonomie des travailleurs devient un projet sculptural sous forme d’hommage et d’engagement. La construction du Pavillon s’interrompra avec les crédits disponibles mettant en avant les limites de l’institution et remettant en question les systèmes de production de notre société.
Au début des années 1960, à Mataró (Espagne), Joaquim Anson (le père de Martí Anson) réalise des meubles en bois inspirés du design moderne. Son ambition est d’offrir des meubles en vogue à des prix abordables pour la nouvelle classe moyenne catalane. Poursuivant son idée de construire à moindre coût, il décide de réaliser une maison secondaire pour sa famille dans les Pyrénées. N’étant pas architecte, il dessine un bâtiment simple dans lequel la brique couvre tous les besoins, de la structure à l’ameublement.

En 2013, Martí Anson propose de bâtir à son tour une maison, en suivant les plans originaux de celle de son père. Le nouveau bâtiment est démontable et son assemblage peut être réalisé en quelques jours, sans l’aide de professionnels. Le montage est en effet très simple ; il reprend celui des maisons démontables imaginées par le groupe d’architectes catalans GATECPAC pour leur « Ville de repos et de vacances » (1933). L’un des membres de ce groupe, Josep Lluís Sert, a réalisé le pavillon espagnol pour l’exposition universelle de Paris, en 1937, année de l’inauguration du Palais de Tokyo.

En décidant de construire lui-même une maison, Martí Anson rend hommage à ceux qui, pendant le régime franquiste, faisaient de leur mieux pour changer les choses, notamment en améliorant leur vie quotidienne et celle de leur communauté. Le pavillon de Martí Anson, réplique de la maison de vacances construite par son père, devient un monument aux constructeurs anonymes. Ces derniers, en réalisant des bâtiments simples, fonctionnels et peu coûteux, ont mis en pratique les recherches les plus novatrices des architectes de leur époque.

Présentée au Palais de Tokyo, la maison de Martí Anson devient une maquette à échelle 1, témoin de l’architecture « anonyme » espagnole des années 1970. Elle se place dans la lignée des maquettes présentées lors des expositions universelles pour valoriser un savoir-faire ou un patrimoine local. La maison de vacances familiale devient ainsi, par un jeu de glissement, un pavillon catalan.

CURATRICE
Marie Griffay (née en 1987, vit et travaille à Paris) est historienne de l’art et diplômée d’un master professionnel de pratiques curatoriales (Paris IV – Sorbonne). Ses recherches sur les liens entre l’art contemporain et la culture populaire l’ont conduit à écrire un premier mémoire de recherches sur les références carnavalesques dans l’oeuvre de Wim Delvoye, puis un second sur les références carrolliennes dans l’oeuvre de Leandro Erlich. Actuellement attachée de conservation au Centre Pompidou, elle poursuit parallèlement ses travaux d’écriture.

AVEC
Martí Anson