L’exposition comme automate

« Un automate, par définition, imite la vie ; mais au fond il ne fait qu’une seule et même chose, encore et encore. Pour moi, l’exposition est un automate. »

Philippe Parreno double son questionnement sur les conditions d’apparition et de présentation des objets d’une

réflexion sur la durée de visibilité d’une oeuvre. Le temps est une composante essentielle de son travail. « L’objet peut exister le temps d’une exposition et disparaître après », affirme-t-il. Il tempo del postino, à Manchester, orchestré avec Hans Ulrich-Obrist, pousse la logique de la boucle temporelle à son comble en transformant une exposition en opéra. Philippe Parreno rompt ainsi avec cette distinction traditionnelle du moment de la création dans l’atelier et celui de sa diffusion publique dans l’exposition. Il bouleverse ces différentes catégories estimant que seul le temps de l’exposition permet de révéler le travail.

Le concept du time code inventé par Jean-Pierre Beauviala qui irrigue son travail depuis ses débuts est incontournable pour l’artiste. Il pense ses expositions selon une mécanique temporelle qui les découpent systématiquement en séquences bien précises. Il peut ainsi proposer, dans un même espace, différentes temporalités ou moments. En 2006, à la galerie Esther Schipper à Berlin, Philippe Parreno annonce, selon un tempo précis, les événements qui se déroulent à l’intérieur grâce au clignotement d’une marquee située à l’entrée de l’espace. Aux variations lumineuses de la marquee située en façade répondent à l’intérieur différentes combinaisons sonores, visuelles et olfactives. Avec cette marquee, l’artiste convie le visiteur à une séance et non à une visite. Les visiteurs deviennent – le temps du parcours – des spectateurs, éventuellement des acteurs. En effet, Philippe Parreno transforme l’exposition en partition qui se joue dans le temps et dans l’espace, avec des constances et des variations. Il modifie la perception de l’espace selon de savantes chorégraphies et transforme l’exposition en automate. Ce thème, depuis longtemps présent dans son travail, est d’une fécondité conceptuelle essentielle. En 2007, il fait écrire à un automate du XVIIIème siècle « What Do You Believe, Your Eyes or My Words? ». Il explore ainsi la surface des apparences pour questionner les rapports entre illusion et réalité, nature et artifice. Cet intérêt marqué de l’artiste pour faire de l’imaginaire une réalité ou inversement, est aussi au coeur de son film sur Marilyn structuré autour de deux algorithmes, celui de la voix et celui du robot qui imite l’écriture de la star.