Lauréate du Prix Lafayette 2011, Helen Marten s’intéresse au monde matériel devenu schizophrène et pervers, à la fétichisation matérielle des objets.
La vidéo Evian Disease, spécialement conçue pour le Palais de Tokyo, est la seconde oeuvre de l’artiste exploitant l’animation digitale. Conçue autour d’un dialogue entre six personnages, cette litanie est une composition spéculative sur le temps et la place offerts à l’individu contemporain. Déformant le langage entre abrutissement et excitation, l’intime et l’universel se trouvent entremêlés, créant un univers où les notions de nature et de culture sont définitivement confondues. Derrière l’apparence aseptisée et séduisante de l’animation digitale et l’omniprésence de la parole se cachent les indices et détails d’une intrigue se déployant tout au long de l’oeuvre.
Pratiquant avec assiduité la collision des surfaces, la rencontre des symboles et la superposition des matières, Helen Marten utilise délibérément l’erreur comme possible outil. L’artiste noue et dénoue les signes, feuilletant et confondant les catégories : projection, statut, environnement, consommation, érotisme. S’il s’agit d’un patchwork (avec coutures apparentes), toute sa démarche fonctionne par couches successives, noeuds artificiels, lames et détournements de surface. Dans ce réseau complexe d’emprunts se dessine son intérêt pour la comédie et la communication, où se croisent les ambitions de l’individu contemporain et la merveilleuse obscénité de l’époque dans laquelle ce dernier évolue.