Family Business est un espace, créé à Chelsea (New York) par Maurizio Cattelan et Massimiliano Gioni en février 2012, dont le fonctionnement rappelle celui des « guest house » : c’est un lieu ou amis, ennemis, personnes admirées et respectées sont invités à présenter des travaux d’artistes qu’ils soutiennent ou des projets en lesquels ils croient. C’est un espace sans but lucratif ouvert à l’expérimentation et aux formats d’expositions irrévérencieux, soutenu par le Center of Curatorial Studies du Bard College. Selon la formule « a guest + a host = a ghost », Nadja Argyropoulou est le guest (ghost) curator de Family Business. Jusqu’à présent Family Business opérait à New York en accueillant une multitude d’expositions, de projets, de concerts, de fêtes et d’événements, avant de tomber sous le joug de ce qu’on peut qualifier de « justice poétique » puisque la famille a brusquement disparu de l’espace situé au croisement de la 21ème rue et de la 10ème Avenue juste après avoir accueilli The School of Death ( projet organisé par le magazine Cabinet et Simon Critchley en mai 2013).
C’est à Paris que réapparaît tout aussi soudainement Family Business, répondant à l’appel du Palais de Tokyo et à son invitation à disséminer dans ses espaces labyrinthiques une présence virale, qui se matérialise dans un nouveau lieu : une étrange maison (au croisement d’une cave et d’un grenier). à partir du 13 février 2014, cet espace indicateur de présence, sera tour à tour un signe, un refuge, un vaisseau, une peau, une scène ou encore un dessin en quatre dimensions. Lieu hybride, conçu et dessiné par l’un des membres de la famille, l’architecte Dakis Joannou, il fait référence aux maisons construites sans autorisations, souvent inachevées, de certains quartiers grecs. C’est un sous-sol qui annonce un premier étage. On y trouve un escalier intérieur qui mène vers une ouverture, vers un étage construit à moitié, et permet d’accéder à une vue partielle de la salle de séjour sur le toit. Cet « objet trouvé » recontextualisé correspond précisément au business de Family Business : l’hospitalité et l’exploration de relations symbiotiques, la célébration de la « démocratie du malentendu » (selon le mot de Cattelan) qui habite chaque famille. Familly Business agira comme virus bienveillant, croisant parfois et coexistant toujours avec la programmation du Palais de Tokyo, à travers une forme en perpétuel mouvement.
Dans cet espace, Family Business entend explorer avec la curatrice invitée Nadja Argyropoulou, les préoccupations contemporaines comme les angoisses les plus anciennes sous le titre The Age of Practices. En développant une recherche à la marge et à la croisée des disciplines, Family Business explorera la transformation qui s’opère dans le processus créatif et son contexte aujourd’hui. The Age of Practices se concentrera sur de nouveaux formats mais aussi sur des pratiques datées, négligées suggérant le caractère idiosyncratique de la créativité qui ne manque pas pour autant d’être définie par les sphères sociales. Artistes, scientifiques, universitaires, conteurs, bloggers, voyageurs, auteurs, artisans, individus et collectifs oeuvrant dans le cinéma, la musique, la danse ou la mode seront invités à « pratiquer », à anticiper, à être curieux et attentifs, à réagir à des idées expérimentales, à s’amuser et à créer du changement.
Le programme The Age of Practices sera défini en même temps qu’il sera pratiqué, et sera communiqué au fur et à mesure, de manière parfois erratique. Deux événements structurants peuvent d’ores et déjà être annoncés : The Order of the Third Bird, société secrète, va créer une installation, une situation, et une série d’actions dans la maison. Les membres de l’Ordre passeront dans la maison de manière annoncée ou pas pour activer l’installation et pratiquer en silence le protocole de l’Ordre. Le séminaire « Quelle actualité pour la critique institutionnelle aujourd’hui ? » et ses trois organisateurs Katia Schneller, Vanessa Theodoropoulou et Tristan Tremeau, quittera l’INHA pour développer au Palais de Tokyo la question des « pseudo-institutions » du monde de l’art, invitant Grégory Sholette pour la mettre en pratique. Comme le dit Walter Benjamin : « Je n’ai rien à dire, tout à montrer ».
Comissaire : Nadja Argyropoulou
Design Graphique : Yannis Kurudis
Recherches et responsable web : Malvina Panagiotidi
Family Business est soutenu par le Center of Curatorial
Studies du Bard College.
Réalisation de la structure : Studio Metaplasi