Dead Drops est un projet participatif initié en 2010 par l’artiste multimédia allemand Aram Bartholl. Empruntant son nom à l’histoire de l’espionnage – les dead drops, ou « boîtes aux lettres mortes », désignent les caches utilisées pour transmettre des messages – il constitue depuis cinq ans un réseau anonyme d’échange de fichiers hors ligne dans l’espace public. Basé sur le principe de partage de pair à pair, le projet consiste à cimenter une clé USB – un périphérique de stockage amovible – dans une des irrégularités d’un mur accessible de tous, puis à poster ses coordonnées GPS sur un site Internet dédié. Installée de manière à pouvoir être utilisée mais vide de contenu à l’exception d’un texte descriptif, la Dead Drop sert à la mise à disposition de documents de toute nature – photographies, œuvres numériques, textes, films. Outre un exercice de localisation, l’échange implique de venir sur place avec un ordinateur équipé d’un port USB.
Les cinq premières clés posées dans l’espace public new yorkais puis référencées par Bartholl sur Internet ont suscité un enthousiasme inattendu, et le projet s’est progressivement développé à l’échelle mondiale. Début mai 2015, plus de 1520 Dead Drops étaient ainsi recensées sur le site deaddrops.com. Au-delà de sa dimension ludique, le projet appelle à réinjecter de la matérialité aux transferts de données dans un monde informatique désormais essentiellement dématérialisé. À l’époque du cloud et dans un contexte de débats particulièrement avivés depuis les révélations d’Edward Snowden en 2013, l’œuvre révèle plus que jamais son ambition politique.
Le Palais de Tokyo est la première institution en France à accueillir Dead Drops.