Angelika Markul croise les forces de la nature et les bouleversements provoqués par l’action des hommes pour réfléchir sur le destin de l’humanité. Vidéos, sculptures et environnements forment des paysages qui alternent entre zone de recueillement et zone de turbulence. L’artiste nous entraîne au plus profond de nous-mêmes et fait résonner les préoccupations écologiques et les questionnements immémoriaux, la fascination technologique et la contemplation de l’immense nature. Un jeu de force puissant se joue entre les mains de l’artiste, qui convoque les spectres de nombreuses catastrophes (qu’elles soient naturelles ou industrielles). Le visiteur arpente l’exposition comme un scénario complexe où chaque œuvre est l’occasion d’un saisissement, un retournement de mémoire : « Je reconstitue une mémoire en associant de véritables souvenirs avec d’autres images, celles que je rencontre, que je filme. Mon rapport à la mémoire vient de mon obsession pour la mort et de mon histoire. »
Depuis le début des années 2000, Angelika Markul (née en 1977, vit et travaille à Paris) met en place un corpus d’œuvres sombres et puissantes, dessinant une cartographie de l’humanité jusque dans ses territoires les plus reculés. Le temps, la mémoire, l’Homme et la nature sont autant de fils directeurs pour cette artiste qui s’intéresse particulièrement aux paysages peu banals et désolés. Sa pratique navigue entre la vidéo,
la sculpture et l’installation, apportant un regard à la fois poétique et plastique sur des situations périlleuses ou conflictuelles. N’hésitant pas à aller tourner ses films là où la mort a frappé et où le danger menace encore (Fukushima, Tchernobyl, Bagdad, etc.), elle croise dans ses films l’actualité de catastrophes naturelles ou imputables à l’humanité avec des questionnements immémoriaux. Mais la question n’est pas tant « D’où venons-nous ? » que « Où allons-nous ? Et pour combien de temps encore ? ».
À l’occasion de sa première exposition personnelle d’envergure en France, Angelika Markul présente un ensemble d’œuvres récentes, voire inédites. Terre de départ, titre de cette exposition, fait référence à une croyance des Indiens du Chili selon laquelle l’Homme ne fait que passer sur Terre, comme une zone de transit ou un simple commencement, avant de se diriger vers les étoiles. L’exposition fait alterner la confrontation avec des œuvres empreintes de violence, puis des pauses, des instants de contemplation et de repli sur soi, dans le silence et l’immensité du vide, avant de retrouver l’architecture labyrinthique du Palais de Tokyo et de remonter à la surface.
Cette exposition bénéficie du soutien de : SAM Art Projects ; Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques ; Institut Polonais Paris ; Muzeum Sztuki Łodz (Pologne) ; Eva Albarran & c