Le Palais de Tokyo et le Capc Musée d’art contemporain de Bordeaux s’associent pour déplier et déployer l’œuvre cryptique de RAMMELLZEE, artiste iconique de la scène alternative américaine des années 1980. Première célébration européenne d’envergure, cette recherche volontairement énigmatique est pensée en deux actes comme les faces d’une cassette audio ou d’un vinyle. Face A, au Palais de Tokyo (Paris), du 21 février au 7 septembre 2025. Face B au Capc (Bordeaux), du 12 mars au 20 septembre 2026.
« MILITARY FUNCTION RAMM*ELEVATION*Z MILITARY FUNCTION FORMATION RAMM*SIGMA*LL*Z*SIGMA, SIGMA (E) THE FIRST SUMMATION OPERATOR FIRST L – LONGITUDE SECOND L – LATITUDE Z – Z-BAR E E – SUMMATION »
RAMMELLZEE n’est pas qu’un nom qui sonne divin, ni une signature mystique apparue en 1979 : « C’est une équation vers l’élévation, le détail, la perspective », affirmait l’artiste dans un entretien réalisé en 1985 avec le philosophe et fondateur de la maison d’édition Semiotext(e) Sylvère Lotringer. Une équation qui dessine des lignes opaques multiples : celles de la vitesse du métro de New York, de l’aéronautique et de la mécanique quantique, de l’héritage du futurisme italien, et celles, toxiques, de la peinture en spray et de la résine.
Conçue conjointement par le Palais de Tokyo et le Capc Musée d’art contemporain de Bordeaux, l’exposition « ALPHABETA SIGMA », pensée en deux mouvements, regarde le travail de l’artiste américain RAMMELLZEE (1960-2010) par les substances qui le composent. Sans vouloir prendre la forme de la rétrospective ou prétendre à l’exhaustivité, elle s’engouffre dans les méandres d’une pratique tentaculaire qui se manifeste aussi bien par l’écriture théorique et poétique, la peinture, la sculpture, la musique, la performance, le cinéma, les costumes et les bijoux… Autant d’éléments fluorescents dans la lumière noire, qui participaient à l’entreprise de guerre menée par RAMMZELLZEE contre le langage et sa violence. Une guerre qui se jouait aussi bien sur les murs des galeries d’art que dans l’espace, public ou cosmique.
L’exposition du Palais de Tokyo se focalise sur les surfaces sensibles du travail de RAMMELLZEE, tandis que celle du Capc tentera d’en faire la radiographie. La Face A porte donc notamment son attention sur les matières qui font le travail de l’artiste (l’écriture, la peinture, le spray, la résine, la lumière noire et les textiles) ainsi que ses motifs fondateurs (la lettre, la flèche et le masque) permettant à l’artiste de faire de l’ornement un armement (l’artiste utilisait le terme d’armamentation).
Au CAPC, la Face B cherchera quant à elle à constituer une constellation d’influences et d’amitiés autour de la pratique de RAMMELLZEE (comme autant de featurings), dont le travail sera présenté à partir d’une sélection d’œuvres resserrée, pour mieux percevoir sa particularité et la situer dans l’histoire de la production artistique historique et contemporaine.
Les deux expositions, comme les deux faces du même projet, ambitionnent à la fois de rendre compte d’une certaine énergie et d’une vitesse propre au travail de RAMMELLZEE tout en considérant ses œuvres comme de véritables objets d’étude – sans pour autant chercher à « élucider » leurs formules ou équations. Un mystère qui continue d’intriguer, au sens cinématographique du terme : RAMMELLZEE est une combinaison de circonstances et d’incidents, un enchaînement d’événements qui forment le nœud de l’action.
L’estate RAMMELLZEE est représenté par la galerie Jeffrey Deitch (New York).
Curateurs : Hugo Vitrani et Cédric Fauq