La montée en visibilité des pratiques autochtones dans l’art contemporain international est un phénomène majeur de l’histoire de l’art en train de s’écrire, avec le risque, parfois, de devenir une simple étiquette. Les termes « hybridité » et « anthropophagie » (en référence au « Manifeste Anthropophage » d’Oswald de Andrade) ont ainsi été accolés à « autochtonie » afin d’éviter les assignations identitaires et d’interroger l’invention de pratiques et d’identités variables, déjouant les catégories héritées du colonialisme et permettant de repenser les rapports à la nature, au territoire, aux humains et aux autres qu’humains.
En laissant la parole à des chercheurs et des artistes, ce séminaire entend déplacer la focale des questions institutionnelles vers celles des processus créatifs, des identités assignées vers les pratiques par lesquelles l’individu s’auto-désigne et invente ses relations au monde.
Pour cette deuxième rencontre au Palais de Tokyo en lien avec l’exposition de Jonathan Jones sans titre (territoire originel), l’anthropologue Géraldine Le Roux procède à l’étude comparée des dispositifs de plusieurs artistes australiens et océaniens éclairant les enjeux d’un processus de réhistoricisation de photographies anciennes. Puisqu’il s’agit de discuter des relations entre création et patrimoine, sous l’angle de la circulation, de l’appropriation et de la réinterprétation d’images anciennes et de représentations persistantes, sont également mises en avant les stratégies discursives et performatives employées par ces créateurs pour intégrer et questionner le monde de l’art contemporain.
À sa suite, Allan Clarke (cinéaste, journaliste d’investigation, écrivain et producteur Aborigène Muruwari et Gomeroi) souhaite aborder, renverser et réécrire le récit médiatique australien dominant sur les sujets d’injustice et d’inégalité historiques entre les peuples autochtones et non-autochtones.
Co-conception Morgan Labar (enseignant associé, département ARTS, ENS) et Daria de Beauvais (Senior Curator, Palais de Tokyo). En partenariat avec l’École Normale Supérieure (Paris).