RAMMELLZEE dans la salle 37DB

Du 21 février au 11 mai

GANGSTA DUCK

Artiste total, RAMMELLZEE manipule aussi bien l’écriture, le dessin, la peinture et la performance pour mener sa conquête Gothique Futuriste contre les langages dominants. Maître de Cérémonie du fameux Rock Steady Crew, il se démarque très rapidement par l’invention du « Gangsta Duck », un nom donné à son style d’intonation nasale, comme un canard étiré au vocodeur.

« Rien n’est écrit. Je ne sais pas jouer du synthétiseur, mais j’en joue très bien. J’adore ça. Je le redis. Je le joue suffisamment bien pour qu’on dise que je fais des chants grégoriens. J’appelle ça des chants Rammellzéens. Je n’appelle pas ça du rap, je n’appelle pas ça de la musique. J’appelle ça des chants. »

RAMMELLZEE

En 1983, le label Tartown Records révèle Beat Bop. Une collaboration musicale inédite, sur la vie et l’attitude d’un mac, qui a bouleversé la scène hip-hop de l’époque et reste aujourd’hui l’un des morceaux iconiques du mouvement. L’artiste Toxic se souvient des origines de ce morceau : une session de jam impromptu, lors d’une soirée chez Jean-Michel Basquiat, où Madonna jouait du clavier, Basquiat du bongo et lui-même une drum machine. Enregistré en 10 minutes au Daily Planet Studio, le projet final réunissait K-Rob et RAMMELLZEE en freestyle, avec Al Diaz et Eszter Balint pour la composition inspirée du thème musical de Psychose, film de Hitchcock.

Bien souvent, RAMMELLZEE s’est produit de manière intimiste dans de nombreux lieux alternatifs, aux États-Unis, au Japon et en Europe. Il a notamment performé au Squat Theatre et a accompagné sur scène la tournée européenne du New York City Rap Tour en 1984, jusqu’à Paris. Il a fait aussi une apparition dans une scène du film Stranger than Paradise (1984) de Jim Jarmusch et dans Wild Style (1983), premier film sur le hip-hop réalisé par Charlie Ahearn.

Au fil du temps RAMMELLZEE s’est retiré du monde de l’art pour se consacrer de plus en plus à la musique. On retrouve sa voix dans le film Style Wars (1983) réalisé par Tony Silver, des artistes comme les Beastie Boys ou Cypress Hill le samplent, tandis que MF DOOM revendique un lien de filiation. Membre des Gettovetts, RAMMELLZEE ne cesse de complexifier son phrasé, souvent en jouant des répétitions et des échos, comme pour élaborer un tunnel en ultra-son, teinté de gothique, de futurisme, de punk, de P-Funk et de beaucoup de bruit – au sens noise.

Au sein de la Salle 37db, dédié aux expériences acoustiques, le Palais de Tokyo présente une sélection inédite d’une dizaine de morceaux de RAMMELLZEE, qui figurent tous dans un vinyle édité par l’institution, en collaboration avec l’Estate de RAMMELLZEE et le projet 12on12.

37db

Laboratoire sonore, la salle 37 devient 37db, lorsque le Palais de Tokyo confie ce territoire ovale à des artistes, muscien·nes, compositeur·ices. pour explorer l’exposition à travers l’expérience acoustique. Ces invitations qui dépassent le champ de l’art contemporain pour en élargir les frontières et les décibels.

Curateur Hugo Vitrani

Assistante curatoriale Charlotte Frenay