La danse, art du mouvement ? Pas seulement. Poursuivant ses recherches sur « ce que peut la danse », Julie Nioche en fait un acte d’autodéfense et une pratique de réparation dans le brûlant dossier des violences et harcèlements sexistes et sexuels. Car si, depuis #MeToo, la parole s’est libérée et a donné lieu à de multiples discours et analyses, le silence en revanche demeure sur l’expérience corporelle et sensible des victimes de ces agressions. En 2024, la chorégraphe a donc créé ce « manifeste dansé » conçu pour l’espace public, où neuf performers donnent chair à ces corps contraints au silence. Nourris de leurs échanges avec les militants des associations, les interprètes évoquent sans pour autant les figurer les différentes étapes traversées face aux blessures subies, et la lutte pour se reconstruire. La pièce, qui accueille un temps préalable d’ « aidance-écoute documentaire et poétique », se termine par une invitation collective – et libératrice – à chanter et danser ensemble un monde différent.