
Marier le formalisme et le minimalisme de la post modern dance à la flamboyance performative du voguing : Trajal Harrell relève le pari dans une pièce dont le sous-titre (Judson Church Is Ringing in Harlem) situe métaphoriquement l’enjeu. Soit l’exact carrefour géographico-culturel, à New York, entre l’église du très bohème Greenwich Village, foyer dans les années soixante d’une rébellion artistique où Steve Paxton, Anna Halprin, Trisha Brown et les autres inventèrent une nouvelle façon de danser, et l’emblématique quartier afro-américain qui, quinze ans plus tard, accueillit la révolution des danses urbaines et du clubbing. En combinant ces deux styles a priori aux antipodes, le chorégraphe révèle ce que les premiers, dans leurs expérimentations du mouvement, doivent aux fondamentaux du jazz, du funk et du R’n’B qui nourrissent les seconds. Et réinvente l’approche esthétique et sociale du vocabulaire chorégraphique post-moderne (marcher, se tenir debout, assis, etc.), aux couleurs de Harlem.