Contraction de « high » (état euphorique) et « tunes » (mélodie), prononcée comme le logiciel développé par Apple depuis 2001, la composition HyTunes produite par Lyele agit comme un opéra sonore en trois actes, et triture des sonorités comme autant de sentiments glacés

• Acte 1 : le client, le consommateur.
• Acte 2 : le vendeur, celui qui va au charbon.
• Acte 3 : une synthèse au synthétiseur vers une potentielle guérison.

Comme un processus initiatique, ce cycle emprunte sa structure au cercle narratif en huit étapes pensées par Dan Harmon, créateur du dessin animé Rick et Morty, qui permet ici de former une boucle entre désirs et besoins, pour tisser des histoires emmêlées. Dans une première lecture en substance de cette proposition musicale, Lyele s’intéresse aux addictions : il y est question de soulagements artificiels, de mémoires vives, de dépendance, de système D, de quête sociale, de croyance, d’argent, de compétition sans fin ni loi. Une écoute plus abyssale permet d’écouter cette proposition comme une allégorie : Lyele, producteur et compositeur prodigue de la scène française, s’intéresse ici à la tension persistante qui le traverse en tant qu’artiste évoluant dans une industrie musicale – jusqu’où se situe la frontière réelle de sa liberté ? Une ultime écoute permet une traversée sentimentale et expérimentale à travers les racines noires des musiques contemporaines. En manipulant volontairement une base de sons très génériques, aujourd’hui utilisés communément pour composer de la Trap, Lyele questionne autant la normalisation de l’industrie dans laquelle il évolue, que la possibilité de la détourner. A partir de certaines notes qu’il renverse, découpe ou ralentit, Lyele évoque de manière fantomatique les sonorités et les rythmes qui composent la drum’n’bass au chopped and screwed en passant par le footwerk, pour proposer un final en gospel électronique qui échoue sur la note de départ : la quête de lumière est enracinée dans les textures de nos (inter)dépendances.

Laboratoire sonore, la salle 37 devient 37db, lorsque le Palais de Tokyo confie ce territoire ovale à des artistes, muscien.nes, compositeur.ices. pour explorer l’exposition à travers l’expérience acoustique. Ces invitations qui dépassent le champ de l’art contemporain pour en élargir les frontières et les décibels.