Living Architectures Ila Bêka et Louise Lemoine

Living Architectures : à l’occasion du lancement de la collection des livres-dvd (+ signatures à la librairie)

18h00 : Table ronde avec les auteurs, en présence de Roberto Zancan et Sophie Trelcat

 

Living Architectures est un projet de création et de réflexion critique sur les modalités de représentation de l’architecture contemporaine. Cette série de films cherche à questionner ce que pourrait être un film d’architecture en dehors des contraintes du genre et des formats imposés par un système de production télévisuelle.

Ce qui est communément appelé « film d’architecture » est, la plupart du temps un très bon outil pédagogique. Le projet architectural est démonté comme un jeu de lego pour offrir une connaissance théorique complète et chirurgicale des intentions de l’architecte et des moyens de sa réalisation. De cette analyse structurale exhaustive, ce que nous retenons de l’œuvre architecturale, c’est essentiellement un excellent cours d’anatomie. Le bâtiment devient un objet passionnant à l’image resplendissante, mais reste néanmoins un grand corps vide.

Ce que propose le projet Living Architectures, c’est principalement de redonner corps et vie à l’architecture en ouvrant le champ de sa représentation à ses usages et ses fonctions. Nous opérons un simple déplacement du regard et un recentrement de la place que nous occupons en tant que réalisateurs face à l’œuvre architecturale. Nous n’apportons pas au bâtiment sa connaissance, mais nous attendons de lui qu’il se montre tel qu’il est. Plus que des portraits de bâtiments, ces films se présentent comme des « immersions architecturales » valorisant l’expérience du lieu et l’émotion qu’il procure. Le spectateur est alors invité à vivre l’espace, l’instant du film, comme s’il était un familier des lieux.

«Vous savez, c’est toujours la vie qui a raison, l’architecte qui a tort…»

Cette phrase de Le Corbusier, au sujet de la Cité Frugès de Pessac, illustre parfaitement le renversement de point de vue que nous essayons d’instaurer à travers ces films. Ce n’est plus l’architecte que nous allons rencontrer au pied de son œuvre, mais la vie qui y a pris place, celle qui s’y frotte tous les jours, qui cherche à s’approprier cette nouvelle présence, qui tente d’instaurer les bases d’une cohabitation. De nombreux architectes s’accordent à reconnaître qu’une des plus grandes difficultés de ce métier est d’imaginer si les hypothèses émises au cours de l’élaboration du projet seront justes ou pas. C’est précisément cette coïncidence que nous allons questionner sur place une fois l’architecte parti et l’espace livré à ses usagers. Chacun de nos films observe la relation singulière qui se noue entre une œuvre architecturale et certaines personnes qui sont amenées à traverser ces espaces quotidiennement et qui, en conséquence, en ont une connaissance intime liant habitude et souvenirs.