Rendez-vous le mercredi 6 novembre de 18h à 20h dans le Hamo du Palais de Tokyo pour assister au lancement du premier livre de Hajer Ben Boubaker.

Qui savait que le premier quartier algérien de Paris se situait dans les années 30 dans le désormais très chic 6e arrondissement ? Que le cabaret « Le Tam-Tam » (pour Tunisie, Algérie, Maroc) qui envoûtait tant les Français par l’exotisme de sa danseuse phare, Shahrazade, servait de cache d’armes pour le FLN algérien ? Et que cette même Shahrazade, indépendantiste, allait récolter l’argent des prostituées algériennes de la Goutte d’Or pour financer le parti ? En déambulant dans Barbès, l’autrice raconte les événements qui ont fait à la fois de ce quartier, à partir des années 50, la « maison-mère des luttes de l’immigration » ; mais aussi la véritable capitale du Maghreb, avec ses symboles propres : l’ouverture de Tati en 1948 par un entrepreneur tunisien, Jules Ouaki, qui ciblait une clientèle populaire et victime de racisme, en s’exclamant « Ramenez-moi les voleurs » ! ; les chansons de Rachid Taha ; les cafés communautaires qui servaient de lieux de réunions politiques ; les premiers disquaires de musique maghrébine, etc.

À partir d’archives inexploitées jusqu’ici, Barbès Blues rend compte, avec sensibilité de la formation d’une véritable culture populaire, ni tout à fait « arabe » ni tout à fait française. À l’heure d’un embourgeoisement presque total de la capitale française, Hajer Ben Boubaker revient sur l’histoire culturelle et politique d’une communauté jamais vraiment racontée et livre une réflexion sur les lieux de mémoires de l’immigration.