Laboratoire éclairé de la consolation Ecole Supérieure d’Art d’Avignon

Le Palais de Tokyo invite l’ESAA à présenter, dans une grande installation performée entre le théâtre et l’exposition, la synthèse de ses recherches.
Nourrie par sa proximité avec l’art le plus contemporain, l’Ecole Supérieure d’Art d’Avignon réalise des expériences totalement innovantes, indispensables d’un point de vue théorique et profondes d’un point de vue poétique. Le Palais de Tokyo invite l’ESAA à présenter, dans une grande installation performée entre le théâtre et l’exposition, la synthèse de ses recherches sur les cas limites de la restauration matérielle qui permettent d’élargir cette notion vers la restitution de l’esprit face à une matière qui se dérobe.

Préliminaires à un purgatoire pour les œuvres revenues des ombres d’elles-mêmes

« Traquer, dans la nuit de la matière, le mouvement et les points d’impacts du temps avec une attention portée aux traces et à leur perte – la présence de l’oeuvre se joue ici à coups de dés : dés–intégration, dé–stabilisation, dé– matérialisation… Dans les ateliers de préservation de l’éphémère du Palais de Tokyo, l’oeuvre d’art en instance de ruine n’est ni vivante ni morte ; la flèche du temps ébranle son édifice, l’agite en provoquant des effets d’énigmes. L’appareillage mis en oeuvre est pris dans toute son ambivalence – agencer un dispositif de saisie des tremblements et des intensités pour identifier une mouvance et être au plus près des conditions d’une dissémination, mais aussi entreprendre corrélativement une série de manoeuvres pour tenter justement de l’en sortir. Conservatoire de la danse perdue, Académie des larmes, Théâtre de la Contre-forme ou Praticable du néant… Entrées-sorties : ne pas pouvoir rendre compte de ce qui vient au dehors ou de ce qui en retourne, sauf à vouloir prolonger le trouble de la blessure, à en restituer la toute fragrance. Et se communiquer alors la chose indicible – c’est-à-dire la « mettre en commun », se la passer comme témoin d’un corps à l’autre, dans la matière même de la narration. Le visiteur est invité à déambuler dans un monde épars de vacillations, de scènes et de transferts entre des objets, des corps et des images – tous peuplés d’absences, d’histoires et de signes à partir desquels vont progressivement se constituer des repères, s’élaborer les récits. »

Jean-Marc Ferrari Directeur de l’École supérieure d’art d’Avignon

L’École supérieure d’art d’Avignon se présente de manière originale au regard des autres écoles : elle combine l’enseignement de la création avec celui de la restauration de l’oeuvre. Depuis cette origine solide et mystérieuse – le moment d’émergence – jusqu’à celles de son inéluctable disparition, les questions relatives à la vie de l’oeuvre, sans cesse modifiée par son entourage, sont posées ici avec un souci particulier porté aux traces, et à leur perte. L’établissement a défini ses programmes à partir des orientations dans lesquelles s’inscrit son projet de développement : l’oeuvre, l’éphémère et le territoire – notamment en interrogeant la transversalité des pratiques, l’ouverture et la recherche dans les domaines du Live art et des Variable media. Pour mener à bien son objectif, l’école a développé sur Avignon des coopérations fortes avec l’Université d’Avignon pour la formation supérieure et la recherche et avec la Collection Lambert et le Festival d’Avignon pour la production et la création.