Chaque jour, rituel d’effacement quotidien, Jérémie Bennequin efface à la gomme à encre une page de l’œuvre de Marcel Proust, À la recherche du temps perdu. Il lui arrive parfois de faire disparaître sa page du jour ou quelques passages du livre en public. Performance discrète où, le temps d’une heure, l’artiste gomme l’encre imprimée sur la feuille d’un volume. L’œuvre conceptuelle se montre sensible et tandis que les mots s’estompent dans une poussière bleue, la disparition du lisible révèle sa visibilité. Paradoxe : le texte littéraire retrouve un corps que l’effacement matérialise.
Depuis 2008, la démarche artistique de Jérémie Bennequin, jeune artiste installé à Paris, s’articule autour de l’effacement scriptoclaste d’œuvres littéraires, à commencer par le roman de Proust. Travail ambigu, au croisement de l’hommage et du gommage, d’où le titre générique : ommage. Cette pratique singulière donne régulièrement lieu à des conférences, des publications de livres d’artiste, des expositions et des performances tant en France (Galerie du jour agnès b., Yvon Lambert, Palais de Tokyo…) qu’à l’étranger (Londres, Berlin, Tunis…).
Vendredi 25 octobre 2013, de 19h à 21h, Jérémie Bennequin présente au Palais de Tokyo son nouveau livre, intitulé Manuel, édition limitée à 70 exemplaires. À 20h, l’artiste gommera une page de la Recherche.