« La dimension universelle du symbolisme de l’art islamique me fascine. J’ai cependant toujours eu besoin de me questionner sur cette spiritualité. C’est sans doute lié au fait que je sois sensibilisée à une forme d’art réalisé à une époque où la spiritualité était très présente mais s’exerçait d’une autre manière. Je pense notamment à la poésie amazighe, expression de la cosmogonie des Berbères. Elle est fascinante en termes de création et d’imagination et troublante en terme de “clairvoyance”. »
À mi-chemin entre art contemporain et design, l’oeuvre de Sara Ouhaddou s’appuie sur l’artisanat et les cultures traditionnelles. Elle développe une relation singulière avec des créateurs – brodeuses ou maîtres verriers – qui réinterprètent leurs techniques ancestrales pour proposer des objets singuliers. L’oeuvre Deux astres, au déséquilibre, se brûlent part de la collecte dans tout le Maroc de verre irakien, un matériau appartenant de longue date au vocabulaire décoratif des médinas. Les vitraux réalisés transcrivent alors des poèmes chantés par les femmes berbères, poèmes d’une littérature orale qui est ici préservée sous la forme d’un alphabet universel imaginé par l’artiste. Cette expression vernaculaire donne lieu à une calligraphie originale. Celle-ci se développe à l’intérieur d’un cadre en bois dessinant un soleil traversé par une lune. Figuration, abstraction et écriture sont associées dans une composition de lumières et de couleurs réunissant préservation d’une culture minoritaire et signes d’une modernité. La signification devient sensation pour atteindre ce que Sara Ouhaddou appelle le « juste lieu », c’est-à-dire la synthèse entre l’affirmation des particularismes et l’inscription dans nos sociétés globalisées.
Sara Ouhaddou est née en 1986 à Draguignan (France). Elle vit à Rabat (Maroc). Sin