VHILS – SCRATCHING THE SURFACE PROJECT
Protection, enfermement, séparation, lamentations, propagande : à chaque société ses murs et leurs charges politique et sociale. “Qui laisse une trace laisse une plaie”, écrivait Henri Michaud, alors Alexandre Farto dit ‘Vhils’ (né en 1987, vit et travaille à Lisbonne) s’approprie les cicatrices architecturale du temps et utilise la destruction comme arme de création, dérivé du vandalisme qu’il pratiquait dans sa pratique du graffiti sur train.
Vhils a passé son enfance dans un Portugal en pleine transition : souvenir de la Révolution des Oeillets (1974) qui a mis fin à la dictature, changement de régime avec l’entrée dans l’Union Européenne (1986), actuelle crise économique. Autant d’événements historiques et politiques qui ont marqué la ruine des murs de Lisbonne, provoquant un clash graphique où se rencontrent des vestiges de fresques de propagande aux couleurs délavées, des affiches publicitaires témoins de l’arrivée du capitalisme, et les premiers graffitis aux accents libertaires.
Vhils – diplômé de la Central Saint Martins College of Art and Design (Londres) – s’est imposé avec sa série « Scratching the Surface », gravant dans les murs des visages anonymes au burin, à l’explosif ou au marteau piqueur. Il dissèque les murs comme autant de palimpsestes urbains témoins de l’histoire du monde. Il explique : « Notre pays était contrôlé économiquement et politiquement pendant soixante ans, soudain les gens ont commencé à utiliser les espaces publics pour communiquer. Plutôt que d’ajouter moi-aussi de nouvelles couches, j’ai travaillé ces couches de l’histoire pour en faire le reflet de ce qui a déterminé notre identité. J’ai travaillé sur les murs pour révéler les entrailles de la ville, en la creusant.
Sculpter la ville, tout comme la ville nous sculpte, et comme nous la sculptons aussi. »
Repéré à 20 ans par Banksy qui l’a présenté lors du Cans Festival en 2008 à Waterloo (Londres), Vhils a depuis collaboré avec plusieurs artistes urbains historiques et développe un travail d’atelier sur des pans de murs, des plaques de métal peintes à l’acide, des affiches lacérées, et des portraits-villes, entre visage et skyline XXL découpés au laser dans des blocs de polystyrène ou de bois.