Durant sa période d’incarcération dans une prison d’État américaine, Jesse Krimes (né en 1982, vit et travaille à Philadelphie, Etats-Unis) a inventé, au moyen du matériel qu’il s’est approprié dans la prison, un moyen pour que lui et ses codétenus puissent s’évader symboliquement.
Il a méthodiquement découpé les portraits de ses congénères dans le journal, les a transférés sur des savonnettes, qu’il a ensuite dissimulées dans les jeux de cartes préparés à cet effet. Il a ainsi trompé la vigilance des gardiens pour faire sortir ces portraits dissimulés dans des lettres envoyées au monde extérieur.
Ces quelques trois-cents portraits sont devenus des preuves de l’existence de ces centaines d’individus devenus absents d’un monde dont ils ont été écartés. En contournant la privation de liberté et en réintégrant symboliquement l’existence de ces fantômes dans un territoire dont l’accès leur était physiquement interdit, Jesse Krimes a fait œuvre de résistance.