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Daniel Dewar & Grégory Gicquel

Jus d’orange
Du 24/02/2013 au 19/05/2013

Après « Crêpe Suzette » à Bristol en 2012, c’est « Jus d’orange » au Palais de Tokyo en 2013. Une exposition qui n’a pourtant rien de gustatif puisqu’on y découvre les expériences sculpturales de Dewar & Gicquel adaptées au format du film en stop motion.

« La raison pour utiliser un matériau est le sujet. Mais l’inverse est également vrai. »
 
Dewar & Gicquel

Après « Crêpe Suzette » à Bristol en 2012, c’est « Jus d’orange » au Palais de Tokyo en 2013. Une exposition qui n’a pourtant rien de gustatif puisqu’on y découvre les expériences sculpturales de Dewar & Gicquel adaptées au format du film en stop motion. Le duo d’artistes qui revendique une pratique du « fait main », que ce soit la sculpture sur bois, la taille de pierre, la céramique ou la tapisserie, expérimente un nouveau médium pour donner corps à d’étranges sculptures où l’on découvre des paires de jambes en glaise qui dansent des menuets improbables au milieu de la forêt ou des montagnes informes qui s’élèvent puis s’écroulent.
 

Réinventer la sculpture

De la tapisserie à la taille du granit, de la sculpture sur bois à la cuisson de la céramique, le lexique de Daniel Dewar et Grégory Gicquel (nés respectivement en 1976 et 1975, vivent et travaillent à Paris), mêle les genres dans une joyeuse – mais toutefois érudite – démesure. S’ils multiplient les références à la culture populaire dans une posture décomplexée qui met à mal les canons esthétiques et le bon goût environnant, les artistes s’inscrivent néanmoins dans l’Histoire de la sculpture, de ses origines anciennes à l’ère post-industrielle. Les motifs qu’ils déclinent empruntent autant au gisant médiéval qu’à une forme d’abstraction développée par certains artistes de la seconde moitié du XXe siècle. Ainsi la série des Mixed Ceramics (2011) n’est pas sans rappeler quelques sculptures archéologiques d’Arman : dans les deux cas, la texture des objets récupérés témoigne d’un intérêt commun pour une forme de sédimentation, produisant par-là même une collusion des temporalités.
 

Un nouveau corpus vidéo

Le temps, justement, est au cœur des courtes vidéos réalisées récemment par l’intrépide duo. Formant un ensemble d’une cohérence indéniable, ces séquences rejouent les préceptes du proto cinéma : par un effet de stop motion, chacune de ces vidéos génère l’illusion du mouvement comme jadis les folioscopes, thaumatropes et autres phénakistiscopes.
 

« Volontairement plat mais cependant excitant »

L’exposition propose un parcours composé de différentes salles au sein desquelles sont juxtaposées sculptures et vidéos dans un dispositif simple. De petites tailles, les céramiques correspondent ainsi à l’échelle des vidéoprojecteurs, semblables à des sculptures de table. Le titre de l’exposition reprend un nom commun « volontairement plat mais cependant excitant. Une image tellement simple qu’elle en devient absurde » – témoignant d’un exotisme commun, tout comme les sujets que les deux artistes traitent dans leur pratique sculpturale. Comme le précise la critique d’art Zoë Gray :« La démarche multiforme de Dewar & Gicquel évolue à la lisière entre le sublime et le ridicule. Elle se nourrit d’hyperboles visuelles où tout est excessif et demeure en même temps dans le non-dit.»
 

Quelques oeuvres de l’exposition

Céramiques
Dans un mouvement constant de mise en perspective de leur pratique sculpturale, Dewar et Gicquel utilisent la céramique, considérée comme le premier « art du feu ». Les artistes questionnent ainsi la façon dont la matière première peut se transformer. Avec ces céramiques, le duo met en jeu une technicité (émaillage et cuisson) et un artisanat (tout est « fait main »), dont la finalité ne serait plus une forme de perfection mais une quête décalée quant à la représentation de l’objet façonné ou récupéré.

GIFS animés
Projetés en boucle, les GIFs animés sont de courtes séquences mettant en scène des sculptures en argile crue de grande échelle réalisées en plein air. Ces sculptures, qui rappellent les rochers sculptés à la fin du XIXe par l’abbé Fourré en Bretagne, prennent vie grâce un système de pixilation, procédé d’animation élémentaire qui n’est pas sans rappeler les techniques du pré-cinéma. Suivant un rythme binaire, ces GIFs animés ouvrent vers une nouvelle dimension temporelle de la sculpture, renvoient aux rudiments et à la malléabilité de la matière et permettent de générer un mouvement, comme le pas de danse du menuet. Plus que de simples vidéos, ces animations relèvent ainsi davantage de la mutation d’une image primaire en une sculpture.

Avec le soutien de la Galerie Loevenbruck (Paris) et de Graff Mourgue d’Algue (Genève).