Une exposition qui s’écrit à plusieurs mains sur la piste de la mort de la peinture… Chaque curateur reprend l’investigation là où l’a laissé le précédent.
Rassemblant des curateurs de tous horizons, Cartel de Kunst se conçoit comme un collectif de commissaires. Pour le Palais de Tokyo, les curateurs s’inspirent du principe du cadavre exquis appliqué à un roman policier publié en 1931 : The Floating Admiral. L’exposition s’écrit ainsi à plusieurs mains sur la piste de la mort de la peinture… Chaque commissaire reprend l’investigation là où l’a laissé le précédent offrant ainsi un panorama de la peinture aujourd’hui.
The Floating Admiral est un roman policier publié en 1931. Inspiré par le jeu du cadavre exquis, il est le fruit de la collaboration de quatorze écrivains membres du Detection Club. Le travail de tout commissaire d’exposition s’apparente à celui de ces auteurs.
En exposant l’oeuvre, le commissaire prolonge l’histoire entamée par l’artiste, soit en suivant le chemin esquissé par ce dernier, soit en proposant un contexte nouveau mais tout aussi fertile à la réflexion. Toute exposition est un ensemble cohérent où chaque oeuvre apporte une piste essentielle à la lecture des autres pièces et à la lecture du récit dans sa totalité : l’exposition elle-même. Pour « The Floating Admiral », Ana Mendoza Aldana invite ses collègues de Cartel de Kunst à rejouer le jeu. À chaque commissaire revient un chapitre, la seule règle étant de reprendre la réflexion là ou le commissaire précédent l’a laissée.
Si dans le roman c’est le meurtre de l’Amiral Penistone qui fait l’objet de l’enquête, au sein de l’exposition, les commissaires proposent des pistes pour tenter d’élucider la mort de la peinture. À la fin des années 1960, des critiques d’art et de nombreux artistes proclament la disparition de cette pratique au profit d’autres expressions artistiques. Le but de l’exposition n’est pas de résoudre en définitive l’énigme de cette mort, mais plutôt de sonder le panorama artistique contemporain et de mettre en évidence les nouvelles pratiques de la peinture aujourd’hui.
Dans l’ouvrage de 1931, après la rédaction du chapitre attribué, chaque auteur imaginait sa propre résolution de l’intrigue, qu’il gardait en secret jusqu’à la fin de l’écriture du roman. Ces différents dénouements de l’histoire, publiés à la fin du livre, sont autant de résolutions possibles du crime. Le catalogue accompagnant The Floating Admiral est l’occasion pour chaque commissaire de développer les chapitres qui lui succèdent, l’idée étant de produire un catalogue de l’exposition et de toutes ses formes virtuelles.
A.M.A.
CURATEURS
Ana Mendoza Aldana (née en 1987 au Guatemala, vit et travaille à Paris) réalise ses études en Histoire et en Histoire de l’Art à Strasbourg puis à Paris. Après des recherches sur l’art concret latino-américain, c’est à la galerie Triple V, auprès de Vincent Pécoil, qu’elle s’intéresse tout particulièrement à l’art abstrait et à la peinture. Elle intègre en 2011 le collectif de commissaires Cartel de Kunst avec qui elle a organisé « Temps Étrangers » à Mains d’OEuvres.
Créé en 2011 à Paris, Cartel de Kunst est un collectif de commissaires d’exposition dont l’objectif est de partager des compétences et des regards multiples. Issus de parcours et de nationalités extrêmement diverses, ses membres actifs sont : Kuralai Abdukhalikova (1988), Eva Barois De Caevel (1989), Viviana Birolli (1982), Adélaïde Blanc (1988), Manon Gingold (1988), Eric Jarrot (1979), Ana Mendoza Aldana (1987), Alexandra Perloff-Giles (1989), Jaufré Simonot (1986), Gloria Sensi (1987).
AVEC
Francis Alÿs, Isabelle Cornaro, Hans-Peter Feldmann, Nicolas Floc’h, Mario García Torres, Germain Hamel, Nathan Hylden, Zhanna Kadyrova, Kitty Kraus, Hugo Pernet