Pour sa sixième session, le LASCO PROJECT invite 6 artistes français et internationaux à défricher de nouveaux espaces du Palais de Tokyo : Philippe Baudelocque, Stelios Faitakis, JR et les OSGEMEOS, Olivier Kosta-Théfaine.
Philippe Baudelocque, – + / = +
Au Palais de Tokyo, Philippe Baudelocque entend « composer l’espace au jour le jour, comme un blog, sur plusieurs mois. » Son intervention défriche un escalier monumental – entre une élévation spatiale et une chute dans les abysses -, plongeant le public en immersion dans ses tracés atomiques. Entre les lignes et les dégradés de ces paysages instables, le macro rencontre le micro, le physique devient mental, le vertical défie l’horizontal, la force cohabite avec le vulnérable et le sauvage a des allures domestiques…
Philippe Baudelocque (né en 1974 à Yerres, France, où il vit) trace à la craie blanche sur fond noir son bestiaire cosmique, ses univers infinis, ses empreintes de mains, ses OVNI, ses magmas emmêlés… : autant de travaux composés de symboles mystérieux et désacralisés. Ses fresques fragiles et éphémères sont composées de cellules, d’étoiles filantes, de croisement de lignes chamaniques et autres motifs – ses « codex » – qu’il dessine à l’avance dans un carnet.
Stelios Faitakis, Elegy Of May. Part I: The Deepness Of Things. Part II: The Round Table
Stelios Faitakis présente deux peintures murales sur le thème de l’insoumission, tissant des liens entre les événements de Mai 68 influencés par la pensée situationniste, et les luttes actuelles. Comme l’artiste le précise : « Les deux surfaces de mon projet au Palais de Tokyo présentent une relation intéressante entre elles, l’une étant cachée sous l’autre. C’était parfait pour une composition en deux parties (…), toutes deux en lien étroit avec des images bien connues de l’iconographie byzantine, de la crucifixion et de la Cène, mais détournées. »
Sur fonds dorés ou argentés, les peintures d’Histoire de Stelios Faitakis (né en 1976, vit à Athènes) décomposent l’architecture, les symboles géométriques, la typographie et remixent les références et les techniques. Ses icônes désacralisées mettent en scène des auréoles enflammées, des résistants palestiniens, des émeutes, les excès du capitalisme ou plus récemment les traversées mortuaires des migrants.
JR et OSGEMEOS, Manutention – ŒUVRE INACCESSIBLE AU PUBLIC
Installée dans un espace inaccessible au public, l’œuvre de JR et les OSGEMEOS est visible grâce à un écran vidéo situé dans le Foyer Jean-Renoir (niv. 1).
Pour leur première collaboration dans une institution, JR et les OSGEMEOS investissent un tunnel souterrain secret du Palais de Tokyo. Travaillant sur la mémoire de ces murs – pendant l’Occupation, les sous-sols du Palais de Tokyo ont été réquisitionnés pour stocker des milliers de pianos spoliés –, les artistes ont collé des photographies, élaboré des peintures à partir d’images d’archives, brûlé les plafonds et composé des sculptures en bougies.
Les peintures de Otavio et Gustavo Pandolfo (nés à Sao Paulo en 1974, où ils vivent), connus sous le nom de OSGEMEOS, mixent les codes du graffiti avec ceux du
hip-hop, du folklore brésilien, de la politique, des cirques alternatifs, ou encore de la mythologie. Depuis 2002, ils peignent une série de « Géants » jaunes, dans l’espace public, pour rétrécir visuellement nos villes. JR (né en 1983, il vit entre Paris et New York) effectue un travail de photographies XXL, en noir et blanc, qu’il colle dans l’espace public pour révéler les invisibles du monde entier, des banlieues françaises à la Turquie, de Times Square au Louvre, en passant par les ghettos du Kenya ou les favelas du Brésil.
Olivier Kosta-Théfaine, Soffitto
Olivier Kosta-Théfaine s’empare de trois coupoles sur lesquelles il compose au briquet un ciel calciné – la technique vient des halls HLM où des jeunes, pour brûler le temps, s’essayent aux écritures en feu sur les plafonds – remixant les fresques classiques des Palais Italiens avec la tradition du
vandalisme quotidien des cités. Olivier Kosta-Théfaine dissèque la ville par ses périphéries, ses mauvaises réputations et ses légendes urbaines. Il peint les détails abstraits d’une rue, observe les mauvaises herbes ou crée des écharpes de supporters de foot en hommage aux banlieues, ciblant la tension qu’il y a entre l’envie de fuir sa zone tout en la défendant corps et âme.
Commissaire : Hugo Vitrani
Le programme d’arts urbains du Palais de Tokyo
Initié en 2012, le LASCO PROJECT révèle, dans les méandres souterrains du bâtiment du Palais de Tokyo, l’un des plus étonnants parcours d’art urbain dans un lieu culturel. Près d’une soixantaine d’artistes internationaux qui inscrivent la rue dans l’histoire de l’art ont ainsi réalisé des interventions, pour certaines monumentales, pour d’autres secrètes, qui se confrontent à l’architecture brute du Palais de Tokyo et qui infiltrent ses espaces interstitiels (couloirs, escaliers, passages) sur près d’1 kilomètre.